J. porte fièrement son nom de famille d'origine marocaine, mais en même temps son nom lui semble étrange. Lorsqu'elle était enfant, son père, récemment immigré en Espagne, a quitté la maison et elle n'a plus eu de nouvelles de lui depuis. Un narrateur omniscient raconte l'histoire d'une famille à travers des fragments et des souvenirs de la vie de tous ses membres. Le lecteur observe l'apathie, la tristesse et le fort sentiment de déracinement que le père transmet à sa famille jusqu'à ce qu'il décide que la seule façon de sortir de cette situation figée est de partir, pour ne jamais revenir. Les sentiments cachés peuvent-ils changer notre opinion sur les faits ?

Le bon père (El buen padre) est la première œuvre complète de Nadia Hafid après que ses fanzines ont été recherchés dans toutes les foires et que ses illustrations sont apparues dans diverses publications espagnoles telles que Babelia dans El Pais. L'histoire nous parle de l'absence d'un père. À travers de petites scènes à différents moments, nous pouvons voir comment il s'éloigne progressivement du reste de la famille et comment ce vide progressif affecte ses filles. Une histoire d'éclatement de la famille qui traite également de questions telles que l'intégration, le racisme et la distanciation sociale. Hafid la raconte d'une manière extraordinaire, à travers un point de vue distancié. Avec une certaine asepsie du narrateur par rapport à l'histoire et un dessin géométrique, à mi-chemin entre la ligne claire de Ware et la fixation symétrique de Baitinger. Hafid utilise une palette de couleurs bleues, dont la tonalité varie légèrement pour marquer les différents moments, générant une sensation de froideur omniprésente. Sauf pour les visages des personnages, qui acquièrent ainsi une plus grande signification. Une froideur qui, paradoxalement, génère une réaction empathique chez le lecteur.