Tremen est une bande dessinée spéciale de l'auteur néerlandais Pim Bos, rejoint par Marc Caro pour ce deuxième volume. Sans texte, assez incolore et l'action n'est pas véritablement un sujet d'actualité. Et pourtant, il a quelque chose de spécial que vous ne pouvez expérimenter qu'en parcourant le livre de bout en bout. Le protagoniste semble être un Golem dans un environnement de haute technologie où la civilisation s'est effondrée. Il ne reste que des créatures orphelines ressemblant à des robots, des Golems déformés et bosselés, un paysage gris, nu et désertique où tout ce qui bouge prend vie. Le livre est divisé en quelques chapitres, mais ces chapitres ne se suivent pas vraiment. Peut être s'agit-il tout simplement de quelques visions ou de rêves effrayants de l'auteur qui ont été reproduits tels quels. Pas de couleur, pas d'histoire, pas de cohérence, qu'est-ce qu'il en reste ? Une ambiance marquante, car s'il y a quelque chose dans cette bande dessinée qui en vaut la peine, c'est l'atmosphère qui est carrément oppressante. Vous avez constamment le sentiment de vouloir vous éloigner de l'histoire, de cet environnement, mais vous ne réussissez pas. Chaque fois que vous tournez la page, vous voulez savoir ce qui se passe et ce qui va arriver au voyageur.

En breton, tremen signifie "passage". Comment décrivez-vous cette mutus liber (livre muet) ? Est-ce une symphonie silencieuse avec des personnages hurlants sans bouche ? Un délire silencieux, mais avec des éléphants gris ? Dans ce deuxième opus, le héros se trouve une fois de plus dans un paysage désertique et désolé lorsque sa monture est soufflée par un projectile et semble être morte. Un autre projectile atterrit juste à côté de lui et s'avère contenir une créature ressemblant à un bébé, une petite créature emmaillotée. Peu de temps après, un véhicule s'approche de la carcasse de l'animal mort et deux grandes créatures en sortent, l'une casquée et l'autre sans casque. Notre golem les bat à mort, s'approprie le véhicule et transporte le bébé chez un peuple du désert qu'il rencontre plus loin. Là-bas, son "bébé" s'avère être très doué avec les mots, car la créature lui raconte ce qui se passe à des kilomètres à la ronde. La progéniture du peuple du désert est décapitée par les grandes créatures et leurs têtes sont utilisées pour quelque chose d'indistinct qui ressemble le plus à de la reproduction. Le peuple du désert, ainsi que le héros, partent en guerre. Les "cinquante nuances de gris" utilisées sont extrêmement efficaces, il s'avère que les nuances de lumière peuvent faire toute la différence dans un paysage presque monochrome. Et même l'histoire ne peut être saisie en une seule fois. En bref, Tremen est une bande dessinée très spéciale, très intrigante et très divertissante.