A l'origine, Chloé, trop plein d'écumes est une série publiée dans les années 1980 chez BDadult et qui avait déjà connu une intégrale en 1998 mais avec des dialogues non validés par l'auteur. Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, Peter Riverstone est un auteur français, dont le véritable nom est Bernard Kamenoff. L'intrigue se déroule dans un futur proche, dans une société encore plus machiste où les femmes ont été réduites à l'état d'objets sexuels sans avoir leur mot à dire. Chloé et son amie Sarah ont décidé de se révolter contre l'ordre établie qui ne leur laisse aucun libre arbitre. Lorsque l'ancien maître de Chloé, un certain Spinoza, évoque devant elle le temps où les femmes pouvaient se faire payer pour donner du plaisir aux hommes, Chloé y voit en moyen de changer son quotidien mais clairement pas encore une émancipation. Chloé sera tantôt vendeuse d'objets en tout genre (et généralement inutile, tantôt passagère d'un train vers nulle part (et les hommes disparaissent avant d'arriver à destination).

Chloé, trop plein d'écumes affiche une qualité graphique indéniable. Les couleurs sont somptueuses, les décors riches en nuances, alors que Chloé et Sarah (les jeunes femmes en couverture) apparaissent ravissantes. L'auteur place toute l'attention du lecteur vers son héroïne et il faut avouer que l'intrigue fantastique se révèle tantôt surprenante, tantôt osée, tantôt lunaire car nous passons régulièrement d'une séquence à l'autre sans aucune explication. Oui forcément, il s'agit avant tout d'un ouvrage érotique, et Riverstone a un sacré coup de crayon pour faire des scènes réalistes, mais on retrouve également des références plus profondes, notamment à Boris Vian (qui ouvre l'album). A noter que cette intégrale retrouve les textes et le lettrage initial de Riverstone, directement scannés à partir de ses originaux.