Dans une ville décrépie des États-Unis, Josh et Lola flirtent et pensent déjà à comment va se dérouler leur première fois, prévue lors du prochain été. Alors que Josh s'apprête à rentrer chez lui, l'adolescent fait face à une horde de loups menaçante. Comment ont-ils pu arriver là ? Son ami Guillaume (alias Guizmo) traine quant à lui dans les rues de cette banlieue en ruines où il tague sur les murs des fresques animalières comme pour mieux échapper à la banalité du quotidien.

Cet ouvrage unitaire nous présente un récit initiatique flirtant avec le fantastique. Les personnages présentent les mêmes problématiques que les adolescents de leur âge, mais ils manquent de repères à cause de leurs parents pour le moins défaillants. Ce qui distingue "Les bêtes sauvages" des autres productions analogues, c'est justement la symbolique cachée derrière l'arrivée des animaux (loups, crocodiles, singes, etc) qui vont peu à peu envahir la cité. Loin d'être effrayé, les citadins vont profiter de la situation pour se lancer dans des chasses urbaines sans aucun ménagement. La progression des animaux correspond à la crise que partage le trio de personnages mis en scène, la découverte d'émotions nouvelles aura pour résultat de calmer la meute jusqu'à la faire disparaître. Le scénario ne manque pas d'interloquer, tandis que le visuel présente un trait expressif n'hésitant pas à mettre en valeur la laideur des visages ou des âmes, illustrant la confusion qui émane des personnages, prêt à quitter l'innocence de l'enfance mais pas encore des adultes. Malgré quelques manques de contrastes, la mise en scène inventive est un réel plaisir pour les yeux.