Scénario : Sylvain Runberg
Dessin : François Miville-Deschênes
Si vous êtes à la merci du passe-temps de Zaroff, vous devez craindre non seulement la jungle, mais aussi Zaroff lui-même. Le général russe, qui a fui les Soviétiques, n'est pas un individu recommandable : c'est un chasseur du plus noble gibier, l'homme. Sylvain Runberg (Orbital, Warship Jolly Roger, Millennium,...) s'est inspiré du livre "Le jeu le plus dangereux" également connu sous le titre "Les chasses du comte Zaroff" (Richard Connell, 1924) adapté au cinéma en 1932 par Ernest Schoesdsack : une longue chasse à l'homme dont la survie est le message. Zaroff est l'un des chasseurs présents. Runberg a imaginé comment le comte s'est comporté personnellement et a organisé lui-même des chasses à l'homme sur des îles isolées. Runberg, cependant, renverse les rôles : Zaroff et ses sbires deviennent la proie. Le chasseur ? Fiona Flanagan, une Irlandaise tête brûlée. Le motif ? La vengeance. Zaroff avait poursuivi un chef de gang irlandais, son père, lors d'une des sordides chasses. Pour rendre l'exercice vraiment intéressant, Mlle Flanagan dépose la sœur cadette de Zaroff et ses trois enfants sur l'île. Elle commence, avec une bande de gangsters, sa chasse sanglante. La famille de Zaroff pourrait être ainsi décimé, sauf si ce dernier parvient à se défendre et arrêter l'ennemi.
Vous avez généralement de la sympathie pour les victimes de ce genre de récit "survival". Dans ce cas cependant, Zaroff est lui même un méchant monstrueux et impitoyable, merveilleusement présenté dans une introduction appropriée. C'est donc un double plaisir pour le lecteur lorsque chasseurs et proies s'entretuent. Dommage que ces enfants innocents et leur mère, pour qui vous devez croiser les doigts, se mettent en travers du chemin. Cependant, ils sont nécessaires pour impliquer émotionnellement le lecteur dans la chasse à l'homme. Runberg l'a très bien vu. Le choix du dessinateur François Miville-Deschênes, qui a fait la remarquable série des Reconquêtes avec Runberg plus tôt, peut aussi être qualifié de très réussi : son style à la fois réaliste et atmosphérique est très convaincant. On peut voir la preuve de l'attention portée à ce livre, par exemple dans le carnet de croquis présent à la fin de l'ouvrage, qui montre comment les auteurs et l'éditeur ont opté pour le meilleur design de couverture.
VERDICT
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Le duo Runberg / Miville-Deschênes se reforme à l'occasion d'un ouvrage unitaire présentant une ré-interprétation du roman de Richard Connel. Un récit haletant qui nous tient en haleine de bout en bout et sans doute déjà l'une des meilleures productions de l'année.