Réalisé par Joachim Lafosse.
High Energy d'Evelyn Thomas pourrait facilement servir de bande sonore au dernier film de Joachim Lafosses. Mais malheureusement, cette énergie se transforme rapidement en fatigue et en lourdeur. Dans Les Intranquilles, Lafosse fait un zoom sur les vies de Damien (Damien Bonnard), Leïla (Leïla Bekhti) et leur fils Amine (Gabriel Merz Chammah), qui luttent contre la bipolarité de Damien. "Votre amour me soulève", dit Leïla et c'est ce qui la pousse à continuer, non seulement pour donner à son mari, mais aussi à son fils, la meilleure version possible d'elle-même. Dès les premières images, cette bipolarité plane sur la vie de la famille comme une épée de Damoclès. Une scène de plage apparemment idyllique qui menace constamment d'être perturbée par des affrontements potentiels. Tout le film flotte sur cette dualité et semble être constamment sous tension.
Lafosse sait traduire cette tension en rythme et en image et réussit à toucher le spectateur. Avec ce thème, il met en avant un problème important, car les personnes bipolaires sont trop souvent réduites à leur maladie. Et c'est précisément ce préjugé qui est contenu dans le personnage de Leïla. Elle voit en Damien l'homme qui souffre d'un trouble mental, alors qu'il est aussi peintre, père et mari. En tant que spectateur, vous êtes constamment pris dans un dilemme, car d'une part, vous ne pouvez vraiment pas éprouver de sympathie pour Damien, qui semble n'avoir aucun respect pour Leïla et est pris dans un cercle vicieux de victimisation. Mais d'un autre côté, Damien est malade et ses actions sont donc une conséquence de cet état. Heureusement, Joachim Lafosse évite de faire de ce film un "film à message" et réussit à rendre les choses tangibles en utilisant des espaces et des symboles. Lafosse se concentre aussi intensément sur les actions et les expressions faciales qui soutiennent les actions des personnages. Gros plans intenses sur les mains, les coins de la bouche d'Amine et la nervosité de Damien. Ces observations fonctionnent quand les mots échouent.
VERDICT
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Les Intranquilles n'est pas autobiographique, mais s'inspire fortement de la jeunesse du réalisateur. Son père souffrait de troubles bipolaires, ce qui rend les situations du film indéniablement plus réelles. C'est surtout la pression que la maladie mentale exerce sur la famille qui tient à cœur à Lafosse et qu'il souhaitait transformer en film depuis plusieurs décennies.