A Manille, il n'est pas rare que le détective Guerrero et son équipe de police ne sachent pas ce qui se passe. Meurtres inexpliqués, apparitions étranges et phénomènes paranormaux semblent être à l'ordre du jour dans les rues de la métropole et c'est là qu'Alexandra Trese, l'enquêtrice de l'occulte, intervient. Trese est une détective compétente et infaillible. Partout où les crimes semblent cacher une origine qui n'appartient pas au monde humain, c'est vers elle que se tournent les policiers, certains de ses compétences et de sa connaissance quasi incomparable du paranormal. Quatre histoires, quatre courts épisodes qui, mêlant les caractéristiques typiques des enquêtes policières, portent à nos yeux les figures du folklore philippin, entre superstitions, mythes et créatures fantastiques.

Trese est un mélange d'ésotérisme, d'action et d'un soupçon de mystère. L'œuvre est composée de courts chapitres, chacun lié à un cas à résoudre, jamais particulièrement complexe ou compliqué, mais intéressant pour les créatures et les esprits que l'on trouvera devant nous. Cet élément, à notre avis, est le point fort de Trese au niveau narratif, un melting-pot métropolitain qui puise largement dans la tradition folklorique philippine et dans la tradition occidentale. En fait, l'aspect de l'enquête elle-même passe au second plan par rapport à la curiosité de découvrir quel monstre ou quelle force surnaturelle est impliqué dans les événements. Une autre chose à souligner est certainement le caractère "occidental" de l'œuvre, tant du point de vue de la narration que de l'approche de l'occultisme. Nous sommes en fait plus dans la zone de Hellblazer que dans celle du manga de Junji Ito et la structure épisodique nous rappelle des séries télévisées comme X-Files, Supernatural ou Fringe (sans la composante science-fiction). Du point de vue visuel, le travail de Kajo Baldisimo est vraiment remarquable. Les dessins sont caractérisés par un noir et blanc saisissant et par un trait mordant et dynamique. Même si l'esthétique de la protagoniste fait un clin d'œil à la tradition orientale (elle peut ressembler à Makoto Kusanagi de Ghost in the Shell ou à n'importe quel personnage féminin des pages de Nihei), la structure des tableaux trouve ses principales influences dans la bande dessinée occidentale, caractérisée par une grande attention aux détails, des compositions complexes, l'absence de lignes cinétiques et le renoncement à ce synthétisme formel et dynamique typique du manga japonais.