Image Comics a été l'une des premières maisons d'édition indépendantes à se donner pour mission de soutenir les artistes qui racontent des histoires en dehors du courant dominant et qui ne veulent pas se soumettre aux règles du marketing. C'est resté le cas jusqu'à aujourd'hui, ce qui permet de continuer à publier des histoires pour adultes qui en valent la peine, comme le prouve "Geiger". On n'a jamais su pourquoi et qui a lancé la guerre nucléaire, mais elle a dévasté le monde et laissé derrière elle un paysage dystopique dans lequel, sans combinaison de protection, plus personne ne survit sans mourir ou muter. Il existe toutefois quelques enclaves où la vie semble continuer comme avant, comme à Las Vegas, qui s'est transformée en royaume de la dépravation et du crime. Et tous connaissent là-bas la figure légendaire de l'homme rayonnant qui, loin dans les terres désolées, garde encore le bunker avec sa famille. Dans les récits post-apocalyptiques, la raison de la chute de la civilisation connue n'a généralement pas d'importance, surtout lorsque les événements sont décrits du point de vue d'un simple citoyen qui se transforme en monstre à la suite d'un enchaînement de circonstances particulières.

Geiger est un homme de famille qui ne veut en fait de mal à personne, mais lorsque des pillards et autres apparaissent, il montre qu'il est tout à fait capable de se défendre. L'aide d'un scientifique et d'un médecin a permis à ce solitaire de survivre et d'être une arme puissante. Le contraste est saisissant avec le roi de Camelot, qui s'est entouré de criminels pour vivre comme un poisson dans l'eau dans ce qui était autrefois Las Vegas. Et c'est là que l'histoire prend son envol, lorsque deux enfants fuient le régime de terreur qui a déjà fixé leur destin. C'est ainsi que Geiger se voit confier une nouvelle mission surprenante, qui le pousse enfin à faire autre chose qu'attendre et veiller. L'histoire mélange habilement des éléments d'intrigue connus, des clichés et des archétypes avec une idée nouvelle. L'action est rapide et pleine de rebondissements, mais il y a aussi des moments plus calmes où l'on en apprend plus sur le contexte et les personnages. Le lecteur reste ainsi sur le qui-vive, ressent de l'empathie pour le héros qui ne veut pas vraiment en être un, mais qui est pourtant plus humain que tous ces puissants, et se passionne pour sa capacité à survivre aux attaques et à trouver une nouvelle mission. L'histoire se termine de manière appropriée, tout en gardant la possibilité d'être poursuivie à tout moment. Elle est mise en scène dans des images dynamiques et colorées qui reflètent bien l'ambiance des différents scénarios.