"Un Monde" est un film sur le harcèlement scolaire, vu du point de vue de la jeune sœur. Nora (Maya Vanderbeque) ne demande qu'à se faire des amis dans sa nouvelle école primaire. Mais dans la cour de l'école, elle remarque que son grand frère Abel (Günter Duret) est malmené. Quand elle veut l'aider, les choses vont de mal en pis. Alors que son père veut qu'elle parle, son frère veut qu'elle se taise. Le résultat est un drame du point de vue claustrophobique de l'enfant. Le film souffre quelque peu d'un jeu d'acteur typique des enfants, visiblement dirigé - un défaut mineur ; le casting est par ailleurs excellent. En dehors de la perspective susmentionnée avec gros plans et bruits de fond, la réalisatrice débutante Laura Wandel utilise peu de procédés stylistiques dramatiques : pas de slomos et autres. Cela donne au film un aspect documentaire.

La perspective particulière est menée à bien, et donne un dynamisme positif. "Un monde" n'est pas seulement l'histoire d'Abel à travers les yeux de Nora, c'est aussi son histoire. Cela offre des possibilités d'approfondissement, par exemple dans le contexte. Dans quelle famille grandissent-ils tous les deux ? La tragédie de la pression sociale chez les enfants est un fait de cour d'école ; vous n'avez pas besoin de faire ce film à ce sujet. L'élaboration dramatique du contexte est clairsemée, principalement à cause du concept : les adultes sont réduits à des types, car peu présents dans l'image. Votre serviteur trouve cela peu utile, mais il ne peut s'agir que d'un choix délibéré de la cinéaste. Peut-être veut-elle nous dire que les adultes constituent le "monde extérieur" ? L'avis du professeur ou du père n'aurait pas beaucoup d'importance dans l'esprit de l'enfant. Après tout, Nora et Abel reviennent toujours à la jungle de la cour d'école, où la force brute et la loyauté l'emportent sur les décisions sensées ou l'autorité. Nous pouvons être en paix avec ce choix dramatique, mais c'est aussi une occasion manquée.