Dans ce volume, nous suivons donc Fanette dont le quotidien est mouvementé, avec, bien entendu, une bonne dose de problème. Jeune serveuse d'un bar miteux devenu le repère préféré des différents nettoyeurs dont on a découvert la vie dans les tomes précédents, elle est en réalité une policière sous couverture à surveiller un "vieux". Mais qu'a-t-elle fait pour mériter une telle punition ? Qui est réellement Fanette ? Elle est seule derrière son comptoir, jour après jour. Dérangée seulement par les mouches qui vrombissent et les clients qui glapissent. Elle s’ennuie ferme, prisonnière de ce bar décharné, prisonnière d’une mission qu’elle n’a pas choisie et qu’elle ne comprend même pas. Ne cacherait-elle un secret ? 

Si Petit à Petit édite beaucoup de docu BD, on retrouve également dans le catalogue de l'éditeur des Hauts de France quelques albums classiques. C'est notamment le cas de RIP, une série en six tomes qui présentera à chaque fois la même histoire d'un groupe de pilleurs de cadavres, mais vu à travers les yeux d'un autre personnage. Gaët's a recours à de nombreux flashbacks pour présenter le passé de Fanette, une femme qui a elle aussi des cadavres dans le placard (au figuré). Nous découvrons un scénario à tiroirs qui fera beaucoup de victimes et nous en apprendrons également davantage sur chacun des nettoyeurs engagés dans cette lente valse macabre. L'histoire très prenante nous donne envie de tourner les pages et fait attendre la suite avec impatience. Les personnages ont quant à eux la tête de l'emploi. RIP est sale et méchant. Une fois l'histoire lancée, elle se révèle être un roman policier magistralement écrit. Gaet's comprend clairement son métier et crée une atmosphère tranchante. On apprécie toujours autant que la narration ne soit pas forcément chronologique et que nous découvrions l’intrigue petit à petit (sans mauvais jeu de mot). Vu la fin de ce tome, dont on ne peut pas dire grand chose pour ne pas spoiler, nous avons hâte d’avoir le fin mot de l’histoire quand le prochain tome sortira !  Les dessins, pleins de nuances, de petits détails et de perspectives tordues, y correspondent parfaitement. Les couleurs sourdes, dans une palette marron-jaune sombre et avec une lumière fantastique, font une grande partie du travail. Le résultat vous invite à le regarder juste un peu plus longtemps, vous plongeant sans effort en tant que lecteur dans le monde de RIP.