"Il y a des histoires sur l'origine de la Tempête. Des histoires qui ont fait le tour de l'Occident. Des histoires inventées, racontées pour effrayer les enfants. Ou les moins courageux. En vérité, personne ne connaît l'origine de l'orage. Tout ce qu'ils savent c'est que, de l'autre côté... la mort les attend." Ainsi commence le premier tome de The Frontier, intitulé The End, une nouvelle bande dessinée, écrite par Jacopo Paliaga et dessinée par Alessio Fioriniello, disponible depuis quelques mois sur Webtoon et enfin au format physique chez Le Lombard. Il s'agit d'un nouveau western avec (beaucoup) de mystère et d'éléments surnaturels. Cinq individus singuliers, qui se font appeler The Frontier, arrivent dans la ville de Caldwell, prétendant vouloir sauver les habitants de la menace de la Tempête, une énorme masse nuageuse derrière laquelle, dit-on, il n'y a que la mort. Jane, Butch, Shaman, Clint et Night, tel est le nom des cinq personnages (certains plus, d'autres moins inspirés des légendes de l'Ouest) ne sont pourtant pas les bienvenus dans la petite ville de Caldwell. Dans le premier chapitre, nous faisons brièvement connaissance avec les protagonistes, avec quelques allusions à leur passé, à ce qu'est The Frontier, et, sans plus attendre, Paliaga et Fioriniello nous montrent immédiatement que oui, c'est bien le vieil Ouest, mais pas tout à fait celui que l'on a l'habitude de voir dans les films de genre : des pouvoirs surnaturels, des capacités chamaniques qui semblent tout droit sorties d'un jeu de rôle fantastique, des prothèses de bras dignes du fameux bras droit de Hellboy, une mystérieuse menace à l'horizon dont tout le monde, sauf les lecteurs, semble tout savoir, et bien d'autres choses encore.

Ce premier volume de The Frontier s'écoule comme un plaisir, avec un rythme bien cadencé, capable de nous donner le minimum de détails nécessaires pour faire connaissance avec les protagonistes de l'histoire et cette bonne dose de violence et de fusillades que l'on attend d'un récit de western. Le tout orchestré par les dialogues secs et mélancoliques de Jacopo Paliaga (comme les protagonistes), parfaitement aidé par les planches en noir et blanc d'Alessio Fioriniello, auteur d'une preuve convaincante tant dans les scènes les plus excitées que dans les moments de calme (apparent). La lecture évidemment verticale, dans la tradition des webcomics, enlève peut-être un peu de variété dans la construction des planches, mais en donne tout autant, sinon plus, dans le rendu très cinématographique des plans et gros plans et dans le dynamisme des scènes d'action. Nous sommes face à un produit qui suinte visuellement les westerns, donc mission accomplie. De plus, les cliffhangers puissants et inattendus sont parfaits pour créer un engouement et une attente pour les prochains chapitres.