Scénario et dessin : Fabrizio Dori
Eustis, le satyre déchu, est de retour ! En drôle de posture qui plus est : le voilà à devoir faire du baby-sitting. L'enfant de Séléné, déesse de la Lune, et de Pan dans les pattes, il va nous entraîner loin, bien loin, dans des souterrains labyrinthiques, dans des paysages urbains ultramodernes pleins de bruit et de lumière, dans des zones malfamées sombres et inquiétantes, dans des forêts enchanteresses, dans des champs impressionnistes impressionnants, dans des lacs à la profondeur abyssale. Bref, dans un univers onirique exceptionnel. Sur son parcours : des figures mythologiques diablement actuelles, Zoé la fille du professeur qui, presque, rêve éveillée, le fils de Pan en panne d'inspiration quant à son nom et à son talent.
Bien sur, Eustis veut continuer d'attendre seul dans la forêt, le retour du Thiasos, la cour errante disparue de Dionysos qui s'est jadis endormie au fond d'un lac. Mais peut-être y a t'il plusieurs façons de trouver la fin de la solitude ? La nouveauté et l'intérêt de ce second volume dans l'apparition de Zoé, qui recherche son père disparu, en parallèle de l'avènement du contrôle de tout son monde. À travers les yeux de l'enfant aussi, on découvre notre monde contemporain et on se demande quelles belles choses peuvent contenir les boîtes à lumières que fixent les gens. On se demande comment les humains ont pu tant inventer, et dans le même se laisser à ce point entraver. On apprend que Zeus et Apollon ont étrangement disparu comme ils encaissaient mal la fin du patriarcat. Le récit à tiroirs s'affranchit de l'uniformité, les temporalités sont comme une valse, sans cesse changeantes, les cases ne rentrent justement dans aucune case tant les structures sont variées, les inspirations graphiques (Van Gogh, Klimt, Dix, Mondrian,...) transpirent et éblouissent. Attention "les d'yeux", Fabrizio Dori nous fait voyager dans ce feu d'artifices ô combien divin."
VERDICT
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Le fils de Pan nous offre encore plus de tableaux époustouflants. L'album poursuit de varier les styles, cette fois-ci jusqu’au collage pour le plaisir de nos yeux. En résulte 236 pages à couper le souffle. Toujours aussi magnifiquement reliées.