Cesare (parfois connu sous le nom de Cesare Il Creatore che ha distrutto) est un manga conçu par Fuyumi Soryo, paru entre 2005 et 2021 au Japon dans le magazine Morning puis en recueils chez Kodansha (trois volumes au total). L'intrigue se focalise sur un étudiant de l'Université de Pise, Angelo Da Canossa, l'occasion de dresser un portrait de l'Italie de la Renaissance sous tous les détails (même les plus scabreux). L'individu est plutôt naïf et innocent, jusqu'à ce qu'il croise la route de Cesare Borgia, le dernier rejeton d'une famille à la réputation sulfureuse. Fils du cardinal Rodrigo Borgia et de sa sa maîtresse Vannozza Cattanei, il est aussi le fils du futur pape ! Bien que les précédents souverains pontifs eussent parfois des maîtresses, son père est le premier à reconnaître publiquement ses enfants, ce qui vaudra à César d'être souvent appelé « le neveu du pape », par pudeur, tout comme ses frères et sœurs. Cesare suit une carrière dans l'Église afin de succéder à son père. Sa route croisera celles de grandes figures de l'époque, de Christophe Colomb en passant par Léonard de Vinci, ou encore Machiavel qui jouera un grand rôle dans son futur. Car l'ascension de Cesare sera rapidement stoppée suite à une affaire de mœurs, et il devient le premier cardinal de l'histoire à abandonner cette fonction. Il entrevoit alors de se lancer dans la politique, et devient très rapidement un terrible tyran. Pendant ce temps, la rivalité entre Rodrigo Borgia et Giuliano Della Rovere s’intensifie ...

Cesare est bien plus qu’un simple manga, c’est plus qu’une bande dessinée, il dépasse son genre. C'est de la littérature, c'est de la poésie, c'est du dessin, c'est l'excellence absolue. En lisant Cesare, on a vraiment le sentiment d’avoir une œuvre d’art entre les mains. L'auteur a commencé cette bande dessinée avec beaucoup d'enthousiasme et les premiers tomes sortaient régulièrement, après quoi la publication a commencé à stagner jusqu'à ce que Soryo choisisse de prendre une longue période sabbatique, en effet le tome 12 remonte à 2020, et entre autres l'album se terminait par le début du conclave qui élirait Rodrigo Borgia comme nouveau pape, élevant la famille aux sommets politiques du monde. Bref, ça s'est arrêté au meilleur moment ! Au début de la publication, il avait été annoncé que la série serait beaucoup plus longue, 27 tomes, donc un nombre de livres suffisant pour parler de toute la vie de Cesare, de l'adolescence jusqu'à sa mort. Au lieu de cela, le travail se termine désormais avec l'élection de Rodrigo Borgia au trône papal. En pratique, le manga se termine là où commence l'ascension politique de Cesare Borgia, là où tout commence.  Il est toutefois intéressant de découvrir ce qui a été concocté par les deux factions, la milanaise et la napolitaine, afin de rallier les indécis et les neutres à leur cause. C'est en fait un véritable jeu stratégique qui se joue en coulisses, un jeu de promesses, d'accords, de menaces voilées, le tout dans le but ultime de s'emparer du trône papal. Nous disons donc adieu à une autre grande série qui nous a accompagnés pendant longtemps, et nous le regretterons certainement. En effet, les derniers volumes sont sortis à une grande distance des précédents, et on suppose que le travail de recherche de Soryo commençait à être un peu trop lourd et qu'elle a donc décidé de mettre fin à la série avant l'heure. C'est la seule réponse que nous avons trouvée, parce que dédier un manga à Cesare Borgia (en commençant par le titre) et ne raconter que ses années d'adolescence en sautant la partie importante qui se situe juste après la nomination d'Alexandre VI, c'est au moins un peu suspect... manifestement le sensei était d'accord avec ça. Pour nous, un peu moins, car Cesare est un manga que nous attendions tranquillement, connaissant le grand et minutieux travail bibliographique et graphique qu'il y avait derrière. Nous nous serions contentés d'un volume tous les 2 ou 3 ans pendant encore longtemps, mais patience, prenons ce que nous avions entre les mains et remercions Soryo sensei et l'éditeur de l'œuvre Motoaki Hara, qui nous ont apporté une œuvre passionnante, pleine de " rebondissements " (malgré le fait qu'il s'agisse d'un morceau d'histoire de notre passé, qu'il faut donc connaître) et avec un excellent soucis du détail, presque maniaque : recherche historiographique, dessins, scénario, choix de la mise en scène, de ce qu'il faut raconter et de la manière de le faire.