ous les lecteurs historiques du journal « Tintin » le savent : la caricature était le violon d'Ingres de Tibet. Croqueur infatigable, il aimait capturer, puis déformer tous les visages qui lui passaient sous les yeux, constituant avec les années un véritable panégyrique de l'âge d'or de la bande dessinée. De Morris à Hergé, de Belmondo à Cloclo… en noir et blanc ou en couleurs, avec son inimitable « ligne claire », l'auteur de « Chick Bill » et de « Ric Hochet » (avec Duchâteau) a égayé bien des pages et noirci bien des cahiers. En guise d'hommage à cet artiste regretté, Le Lombard rouvre ce coffre aux trésors qu’était « La Tibetière ». Si le journal « Pilote » avait Morchoisne et ses « Grandes Gueules », le journal de « Tintin » n'était pas en reste grâce à « La Tibetière » ! Cette réédition permet de réaliser le talent de l'artiste qui avait su faire de cette petite récréation, un véritable rendez-vous hebdomadaire. Elle permet aussi de ressusciter une grande époque, le temps d'une lecture – l'époque d'une bande d'amis, toujours prompte à intégrer de nouveaux talents, jusqu'à constituer l'un des pôles majeurs de la bande dessinée de son temps. Elle permet, enfin, d'adresser un dernier hommage à cet artiste loué par tous ses pairs comme un homme d'une gentillesse extraordinaire. En effet, il suffit d'ouvrir n'importe quelle page de « La Tibetière » pour voir tout l'amour que Tibet cachait derrière les traits déformés de ses « sujets ».