Portés par les tempêtes et les tragédies, Jean-Christophe Deveney et Jean-Sébastien Bordas embarquent sur le radeau de La Méduse, et plongent en 175 planches en couleur directe dans l’histoire de ce terrible naufrage de 1816, immortalisé par le tableau de Théodore Géricault. Le 2 juillet 1816, la frégate La Méduse s’échouait sur le banc de sable d’Arguin, pourtant bien connu des navigateurs, au large des côtes de l’actuelle Mauritanie. Deux cent ans plus tard, le naufrage de La Méduse pose toujours autant de questions. 

Déjà à l’époque, l’écho retentissant du naufrage avait conduit Théodore Géricault (1791- 1824) à s’emparer de cette tragédie pour composer Le Radeau de La Méduse. Contemporain des faits, Géricault vit surtout ce scandale au coeur de l’actualité politique de son temps, à l’heure où la Restauration abolit la traite mais maintient l’esclavage. L’artiste projette dans cette « Scène de naufrage » son allégorie de l’humanité, dans un manifeste pour l’abolition de l’esclavage et une charge contre l’hypocrisie d’un système colonial inhumain. En brandissant en figure de proue de son radeau un modèle noir qui agite le tissu rouge de l’ultime espoir, dans cet instant dramatique où un bateau point à l’horizon, Géricault s’élève contre les stratégies coloniales du nouveau roi, et lance depuis ce radeau, son appel au sauvetage universel.