Scénario : Tiziano Sclavi
Dessin : Gigi Cavenago
Cette nouvelle série Dylan Dog n'est pas sorti en kiosque en Italie, mais directement en librairie, dans une élégante édition reliée. Dylan Dog n'est pas le protagoniste de l'histoire, mais il n'en est pas non plus le narrateur involontaire. En pratique, Tiziano Sclavi utilise la formule de l'histoire dans l'histoire, comme on peut le deviner rien qu'en lisant le titre d'origine : «DYLAN DOG presenta - I racconti di domani - Volume 1 - Il libro impossibile». L'histoire commence avec Dylan qui, poussé par une impulsion imparable, arrive dans sa Coccinelle chez un antiquaire appelé Safara (un nom qui lui est familier mais dont il ne garde pas le souvenir). Sans comprendre pourquoi, il est attiré par un vieux livre qu'il ne peut s'empêcher d'acheter. La couverture porte le titre "Tales of Tomorrow", et le lugubre commerçant la présente comme "un recueil de nouvelles qui ne seront écrites que demain".C'est ainsi que commence l'histoire de ces contes. Dans la nuit tranquille de son studio de Craven Road, allongé sur le fauteuil avec le livre dans les mains, notre enquêteur devient un lecteur : ses yeux sur les pages du livre, son esprit transforme les mots en images, que le talent visionnaire de Luigi Cavenago puise dans les soixante-cinq pages qui composent le volume.
Trop court, penseront certains fans de la série Dylan Dog (dont les récits montent parfois à près de cent pages, oubliant que dans l'espace d'une page il peut y avoir plus d'art que dans mille volumes, et dans l'instant d'un cauchemar plus de peur d'une existence entière. De plus, dans la lecture d'une histoire, l'espace et le temps à partir de quantités objectives deviennent subjectifs et au cours d'un cauchemar, ils perdent complètement leur sens. Ce récit de Sclavi, qui est comme toujours le récit d'un cauchemar, en contient quatre autres. Dans le premier, nous découvrons en quelques pages l'horreur d'un jeune homme qui vit dans un état d'isolement que les Japonais appellent hikikomori (littéralement "se tenir à l'écart"). Dans la seconde, la terreur d'un zombie qui tente pour la deuxième fois d'échapper à l'étreinte de la mort. Sans vouloir trop en révéler, nous pouvons simplement dire que toutes les histoires de ce volume comportent une composante de critique politique et sociale : elles naissent de peurs issues de notre époque et que Sclavi amplifie, déforme et projette dans un avenir dystopique, même si, comme Groucho l'admet lui-même avec une expression résignée, "la dystopie est désormais synonyme de réalité actuelle". D'ailleurs, le fidèle assistant Groucho, qui nous avait tragiquement quitté dans le numéro 399 de la série régulière, est de retour. Peut-être que sa mort, voulue par le nouvel éditeur pour renouveler la série, n'est qu'un énième cauchemar produit par un esprit endormi. En tout cas, une chose est sûre : même s'il est tué par la plume de Recchioni, notre cher Groucho continuera à vivre, non seulement dans notre mémoire, mais aussi dans la plume de Sclavi.
VERDICT
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Dans cette nouvelle saga, Sclavi marque son retour dans l'univers Dylan Dog avec un scénario chaotique et particulier. Le héros sert ici de "prétexte" narratif pour ensuite raconter les histoires contenues, en fait, dans le livre "protagoniste" de l'histoire. Le volume est vraiment bien réalisé, tout comme les dessins et les couleurs utilisés pour ce travail.