A l'âge de sept ans, Pavel a été déporté avec ses parents aux confins de la Sibérie. Leurs tords ? En tant que citoyens américains, ils se sont trouvés à Mouscou au mauvais moment, alors que la guerre froide était à son apogée. Au sein du goulag et séparé des siens, Pavel a dû apprendre à survivre seul. Dans le camp tant redouté de la Kolyma, en proie à la violence et à la toute puissance des gangs, Pavel devra son salut à sa pratique du dessin. Le récit fait alors une ellipse temporelle de plusieurs années, et Pavel semble s'être adapté à son nouvel univers, où la violence est permanente. En devenant le tatoueur attitré du chef Pakhan Kiril-la-Baleine, l'un des caïds les plus redoutables, l'adolescent se métamorphosera également en un combattant redoutable surnommé Little Tulip.

Quinze ans après l'ouvrage "Bouche du diable", Boucq et Charyn reprennent du service dans une nouvelle bande dessinée unitaire, pour le moins âpre à la lecture. Sous des dehors rudes (certaines scènes sont particulièrement éprouvantes), on retrouve une leçon de vie servie par un très bon scénario du romancier Jérôme Charyn. Le dessin de François Boucq met habilement en images cette histoire violente, où l'art permet l'évasion et de se sentir libre, même dans la pire des cellules.