France, début des années 1920. Après avoir vécu près d'une décennie en Afrique orientale allemande, Josef s'installe avec sa mère en région parisienne. La transition est difficile, et sa famille maternelle - pourtant fortunée - n'a pas voulu l'aider. Le mariage avec le père de Josef (un pasteur allemand) n'a en effet jamais accepté. Obligée d'élever seule sept enfants, sa mère faisait des travaux de couture dans leur petit appartement d'Issy-les-Moulineaux qu'un de ses frères avait accepté de lui louer. La ville accueille également deux usines de construction d'avions des frères Caudron, où Joey et son frère Mose seront embauchés comme apprentis. Mais les deux jeunes hommes vont prendre des trajectoires totalement opposés. Passionné d'aviation, Josef rêve de devenir pilote, mais faute de commande après-guerre, ce dernier se met à construire des charrettes et des tombereaux. Mose fréquente quant à lui les Apaches des fortifs, et Joey n'apprécie pas de le voir se rapprocher du gang. Pourtant, ce dernier va lui aussi devenir hors-la-loi pour financer son futur brevet de pilote : Il vole un avion et devient pilote clandestin entre Marseille et Paris pour fournir la capitale en drogue !

L'Aviateur est un prologue à la série Tramp. L'intrigue se développe très rapidement, et peut se parcourir comme un album unitaire. Mais en filigrane, le scénario permet aux lecteurs d'effectuer le lien entre Josef et Tangyy Monval (alias la Vie Dure). Ce dernier a confié une série de carnets de route au commandant Yann Calec, et ce deuxième tome opère un changement d'ambiance radical par rapport à son prédécesseur qui prenait place en Afrique orientale allemande. L'atmosphère du milieu parisien de l'époque est bien reproduite, et les éléments historiques s'avèrent assez complets. On sent qu'un travail documentaire important a été réalisé en amont, même si les prairies françaises s'avèrent moins dépaysantes que le désert africain. A l'image de Tramp, L'Aviateur se caractérise par un graphisme coloré et une précision indéniable des traits. La couleur n'est pas en reste, en particulier pour les paysages de nuit, extrêmement bien rendus. A noter deux pages et demies d'explication sur les termes d'argot parisien utilisés dans l'ouvrage.