Jonas Fink profite du beau temps dans une vallée en Moravie, une région à l'est de l'actuelle République Tchèque, en compagnie de sa petite amie vietnamienne Fuong. Le couple rentrera demain à Prague, et en août 1968, le régime communiste connaît d'importants bouleversements face au vent de liberté influé par la politique du "socialisme à visage humain" mise en place par le réformateur Alexander Dubcek. La liberté de la presse, d'expression et de circulation sont enfin assurés dans la Tchécoslovaquie d'alors, ce qui déplaît beaucoup à Moscou qui envoie les troupes du Pacte de Varsovie afin d'imposer un retour à la "normale" au sein du pays. C'est dans cette période trouble que Tatjana, l'amour de jeunesse de Jonas, marque son retour à Prague. Devenue journaliste, elle travaille pour la compte d'un quotidien moscovite. Surveillé par le KGB, Jonas va devoir fuir Prague comme une bonne partie partie de la population, le pays étant bientôt occupé par les forces soviétiques. Gustav Husák remplace Alexander Dubcek à la tête de l'État et la plupart des réformes libérales seront abandonnées. Jonas ne retrouve son pays qu'en 1989, avec la chute du mur de Berlin ...

Après vingt ans d'attente, voici enfin la conclusion des aventures de Jonas Fink. L'album de 173 pages arbore un format proche du comics cette fois, et comporte une solide reconstitution historique du Prague de 1968. Le scénario s'avère d'une grande richesse et montre que la liberté peut être rapidement menacée avec un parti totalitaire à la tête de l'État. Le dessin de Vittorio Giardano est d'une grande beauté et présente une ligne élégante et classique, soutenu par une mise en couleurs raffinée. Il convient toutefois de noter que les protagonistes conservent une certaine retenue face à leurs sentiments, comme si la grande histoire passait avant tout.