Envoyé en Allemagne pour couvrir le dernier sommet des alliés à la fin de la Seconde Guerre mondiale, un journaliste américain profite de son retour à Berlin pour rechercher son ancien amour. Au cours de son séjour, il se retrouve plongé dans une sombre affaire de meurtre.

Steven Soderbergh a voulu rendre hommage aux films noirs des années 40, l'idée est plutôt bonne en soi. Inspiré par un livre de base solide, avec une intrigue charpentée, un cadre prenant, un arrière-plan historique dense, le problème de ce film vient pourtant de son scénario inutilement compliqué car au bout du compte, on a l'impression qu'il ne s'est rien passé du tout. En premier lieu, le scénariste a choisi de s'écarter du livre. Ce choix a déjà donné de très bons résultats, de Howard Hawks (The big sleep) à Curtis Hanson (LA Confidential). Toutefois, ici, le scénariste rate magistralement le synopsis alternatif. La plupart des personnages sont en deux dimensions, sans passé, sans épaisseur. Ils entrent rapidement dans le champ, prononcent leurs quelques phrases, et disparaissent. La seule innovation intéressante - et mal exploitée - consiste à transférer la faute d'un personnel féminin secondaire vers le personnage féminin principal.

En deuxième lieu, le jeu des acteurs souffre de cet affadissement de l'intrigue. Les personnages (mis à part celui de Georges Clooney) sont inconsistants et cela n'aide pas à se sentir concerné par le récit. C'est donc un pur exercice de style mais on en attendait plus de Soderbergh avec un tel projet. Enfin, le parti pris du réalisateur de recourir aux techniques du film noir des années 1940 rend malheureusement encore plus lumineuse les carences précédentes. Quand la fin arrive, on croirait voir un pastiche de Casablanca ...