De 1947 jusqu’à la chute du mur, la guerre froide entre l’URSS et les USA a marqué l’histoire mondiale. Les conflits par pays interposés, le sport, la science, tout était bon pour une confrontation idéologique. ~ La course à l’espace a été la lutte la plus symbolique. Elle avait mal démarré pour l’Amérique. Avec le Spoutnik, la chienne Laïka et Youri Gagarine, les russes viraient toujours en tête. Mais Neil Amstrong a scellé la victoire de l’Ouest.  Voilà l’histoire officielle, mais est-ce la vérité ? On connaît le goût de la dissimulation des soviétiques, alors n’y a t’il pas quelques secrets bien gardés au cœur du Kremlin ?

Kosmos nous propose une contre-histoire de l’aventure spatiale avec celle des fusées Soyouz 4 et 5 et de Tatiana Terechmariova, la première femme à avoir marché sur la lune juste avant Amstrong.  Véritable mise en abyme fictionnelle, construit comme une enquête autour d’un pseudo documentaire sur un complot fantasmé, l’album est passionnant tant sur la forme que sur le fond. On revit le drame des cosmonautes avec leur patriotisme chevillé au corps, entrecoupé de témoignages d’anciens dignitaires russes. Et toute l’esthétique spatiale des années 70 est là. Des longs plans muets, des cadrages improbables, des noirs profonds, des vaisseaux désuets, des personnages fantomatiques et étrangement calmes. On entend presque leur respiration et le grésillement des mauvaises communications radio. Le formalisme graphique est à la hauteur d’un Kubrick. On est dans 2001 l’odyssée de l’espace, sans la couleur mais tout aussi désincarné pour coller aux images de l’époque et à la propagande soviétique. Réalité ou fiction ? On peut s’attendre à tout avec l’ex URSS. Mais c’est surtout une plongée hyperréaliste et dramatique dans l’aventure spatiale soviétique et son idéologie sans concession.