Alice Sweet Alice (alias Holy Terror, alias Communion) se déroule au début des années soixante à Patterson, dans le New Jersey. Karen, une fillette de dix ans (Brooke Shields), se prépare à faire sa première communion, et sa mère Catherine Spages (Linda Miller) s'occupe constamment d'elle, au grand dam de sa sœur Alice (Paula Sheppard), âgée de douze ans, qui se comporte de manière un peu rustre. La grande sœur vole la poupée adorée de Karen et l'attire dans un entrepôt abandonné où la grande fille enfile un masque en plastique translucide et un imperméable jaune et fait peur à sa sœur, l'enfermant dans une pièce et la menaçant de faire disparaître la poupée si Karen la dénonce. Le lendemain, à l'église, pendant sa communion, Karen est étranglée à mort par un individu portant un masque en plastique similaire et un imperméable jaune. Son corps est fourré dans le compartiment d'un banc de chaire et mis au feu. La fumée finit par attirer l'attention d'une religieuse qui découvre le corps - en poussant un cri horrible qui déclenche une vague d'hystérie appropriée de la part des paroissiens et de la mère de Catherine, bien qu'Alice semble un peu désemparée par tout ce qui se passe autour d'elle. Lorsqu'on découvre qu'Alice a en sa possession le voile de communion de sa sœur, elle devient un suspect dans le meurtre, le film posant la question suivante : cette fillette de douze ans peut-elle être capable d'un crime aussi odieux ? La réponse semble être un oui retentissant, puisque nous voyons la jeune fille profondément troublée tuer un chaton en l'attrapant par le cou et en le jetant de plein fouet sur le sol. Mais l'histoire ne s'arrête pas là, l'acte horrible de tuer le chaton ayant été provoqué par les avances effrayantes de son propriétaire, qui a abusé des enfants.

Ce film est un excellent exemple de proto-slasher des années 70, quelques années avant Halloween (1978) de John Carpenter, qui a marqué les esprits, et quelques années après Black Christmas (1974) de Bob Clark. Le film est peuplé d'adultes qui sont dépeints comme des catholiques fidèles, conflictuels et dangereusement refoulés, dont la vie est centrée sur l'église de la communauté, représentée par le gentil père Tom (Rudolph Willrich). Viennent ensuite Annie (Jane Lowry), la sœur de Catherine, qui déteste Alice, et son pauvre mari Jimmy (Gary Allen, The Sentinel), ainsi que la femme de chambre trop zélée du prêtre, Mme Tredoni (Mildred Clinton, Serpico), et le propriétaire pervers, M. Alphonso (Alphonso DeNoble), un obèse qui aime les chats, dont le pantalon est taché d'urine et qui est un pédophile en herbe. Il y a aussi Dom, le père absent d'Alice (Niles McMaster) qui, après avoir divorcé de sa mère, est passé à autre chose avec une nouvelle femme, mais son arrivée ravive des sentiments intimes non résolus, tandis que sa quête pour prouver l'innocence de sa fille le condamne également. Le film n'est pas un bain de sang mais la mise en place est bonne et l'exécution est bien faite, l'étranglement initial de Karen et l'image du compartiment de la chaire fumante qui dissimule son corps sont joliment mis en scène. Nous ne voyons pas le corps tout de suite, mais les visages horrifiés de ceux qui le voient racontent l'histoire macabre. Alors que le film touche à sa fin, l'identité du meurtrier a déjà été révélée et, sans vouloir trop spoiler, nous avons droit à une fin merveilleusement blasphématoire qui se déroule, comme il se doit, pendant la communion à l'église. C'est une belle image et un final triste mais puissant pour le film.