Paulette Kincaid, dite Needle, est la fille d'un homme d'affaires anglais miteux, tué dans un attentat, et d'une Française, rentrée en France alors que Paulette n'avait que 10 ans. Son père est mort dans un bombardement pendant la bataille d'Angleterre. Paulette s'ennuie à mourir et travaille dans un magasin de vêtements à Londres tenu par sa tante Phyllis. Pour aider une femme enceinte, qui est sur le point d'accoucher, elle vole une jeep de l'armée. Au lieu d'être réprimandée par les autorités, elle se voit offrir un emploi au sein du S.O.E., une agence d'espionnage. Son français impeccable fait d'elle une candidate de choix pour les missions en territoire occupé

Après les précédents diptyques Little England, Les souris de Leningrad et Les ailes de l'espérance, qui se déroulaient pendant la Seconde Guerre mondiale, l'illustrateur Thomas Du Caju revisite la même période. Il a déjà montré son talent de dessinateur précédemment et cet album est à nouveau une réussite sur ce point. Cela est dû en partie à son utilisation fréquente des lignes d'ombre et au bon choix de couleur qui créent une atmosphère appropriée pour cet ouvrage. Le scénariste Jean-Claude Van Rijckeghem, avec qui Thomas a également créé la série Betty & Dodge, a signé Saboteuses, dont les volumes 1 et 2 forment un cycle complet. Elle peut donc devenir une série plus longue qu'un diptyque. L'auteur a écrit une histoire facilement lisible dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale à la veille de la libération de la France. La vraie guerre, cependant, ne revendique pas ici le rôle principal, mais sert de toile de fond à une histoire de résistance et d'espionnage. L'auteur a choisi de présenter une histoire facile à digérer qui sera appréciée par un large public, celle des espionnes travaillant pour les Britanniques en France. Il réussit très bien parce que les relations mutuelles sont bien travaillées et à cause de son choix pour les jeunes personnages principaux. Il y a aussi beaucoup d'action présente, ce qui maintient l'élan. De plus, ce n'est pas une histoire lourde (de guerre), mais d'un autre côté ce n'est pas non plus une histoire légère parce qu'il y a beaucoup de drame et parce qu'il n'y a pas d'humour. Ces choix étaient indéniablement les bons. A noter que la première édition est accompagnée d'un cahier graphique supplémentaire de 8 pages.