La maison est en pleine nature, dans un coin sauvage du Costa Rica. Comme démarcation, il y a des poteaux autour de la maison, reliés par des rubans. Ces rubans ne sont pas destinés à éloigner les intrus, mais à garder Clara, 40 ans, faible d'esprit, à l'intérieur. Dans la communauté profondément catholique du village, Clara est connue comme une sainte qui peut accomplir toutes sortes de miracles. Seulement, cette communauté ne sait rien des pensées moins saintes qui traversent la tête de Clara, des pensées de sexe, de sexe et encore de sexe. D'où les rubans.

Un lieu exotique, une femme opprimée, une religion qui pèse sur une communauté. Quiconque suit un peu le cinéma d'art et d'essai du XXIe siècle peut deviner le parcours du réalisateur en poste. Ces films sont presque toujours le produit d'un réalisateur originaire de la région en question, mais qui a reçu son éducation culturelle en Occident. Des réalisateurs qui connaissent à la fois la communauté dépeinte et les goûts du public des salles d'art et d'essai occidentales. Ils doivent ainsi toujours trouver un équilibre entre l'authenticité et les souhaits de l'amateur de films occidentaux. Avec "Clara Sola", la réalisatrice suédo-costaricienne Nathalie Álvarez Mesén n'y parvient que partiellement. Il semble qu'elle veuille présenter au public occidental (un peu plus âgé) exactement le genre de touches exotiques qu'il aime. Se laver dans la rivière ou avec une casserole d'eau (alors qu'une douche est disponible), de curieux rituels catholiques, des méthodes de punition médiévales, l'absence de moyens de communication modernes. Et tout cela nappé d'une sauce magique-réaliste et saupoudré d'une double épaisseur de symboles religieux (baptême, résurrection, rédemption). Ces réactions instinctives pour un public occidental ne font pas de "Clara Sola" un film ennuyeux. Les visuels sont souvent magnifiques, le film a un rythme agréable et le jeu des acteurs est tout à fait correct. En outre, les personnages sont souvent sympathiques, à l'exception de la mère de Clara, qui semble être une partisane tardive de l'Inquisition. De plus, on peut difficilement s'opposer à un film prônant la libération sexuelle des femmes opprimées.