En 1642, le roi Charles Ier Stuart occupe militairement le Parlement anglais, qui a refusé de lui accorder les fonds nécessaires à la guerre contre l'Écosse. C'est l'étincelle classique qui déclenche la guerre civile, avec d'un côté l'armée fidèle au roi et de l'autre l'armée rassemblée à la hâte par les partisans du Parlement. Après l'issue incertaine des premiers affrontements, l'armée parlementaire, menée par le commandant Oliver Cromwell, défait les troupes de Charles Ier.

Un film historique solide, du genre à plaire au Rossellini "didactique" de la fin de sa vie. Mais qui peut encore séduire, aujourd'hui, ceux qui recherchent une histoire tout à fait spectaculaire, telle que nous l'imaginions dans notre enfance, quand les guerres et les batailles nous semblaient le théâtre ultime où prouver notre héroïsme. Dans le film de Hughes, il y a des querelles politiques (le thème est le contraste entre la monarchie autocratique et le parlementarisme naissant) et il y a des batailles - en particulier celle, décisive, de Naseby - ce qui fait de Cromwell un film didactique et non méprisable d'un point de vue spectaculaire. Tout le monde contribue à la réussite de ce drame historique, mais une mention spéciale doit être faite pour l'énième performance, voire mimétique, de Sir Alec Guinness dans le rôle du roi Charles Ier : là encore, le grand acteur anglais semble sorti d'un tableau d'époque, comme on peut le constater en comparant sa silhouette avec les célèbres portraits du monarque peints par Antoon van Dyck. Sinon, rien de plus qu'un efficace biopic "à costumes" à l'ancienne. Statique mais jamais ennuyeux ou sans conclusion, magnifiquement interprété par un Richard Harris (et par l'ensemble des seconds rôles) qui donne à son personnage le cran et la charge nécessaires. En le revoyant aujourd'hui, il est curieux de constater que la dernière phrase de Cromwell aux membres du Parlement avant sa dissolution définitive est parfaitement en phase avec l'époque actuelle : "Vous êtes des ivrognes, des escrocs, des voleurs, des impudiques et des impies qui ne se préoccupent que de satisfaire leurs ambitions. Vous n'êtes que des canailles même pas élues".