Une aventure en compagnie.

Lorsque votre belle planète est envahie par des êtres venus d'un autre monde et que vos amis les plus proches sont enlevés, vous ne pouvez vous empêcher de vous lancer dans une aventure éprouvante au-delà des limites de la connaissance, dans l'espoir de reconstruire une existence qui a soudainement volé en éclats. C'est ce qui arrive à Lana, une gentille petite fille qui vit au jour le jour dans un village de pêcheurs construit au bord d'une merveilleuse étendue d'eau, au-delà de laquelle se profile une lune extraterrestre gargantuesque. Un beau jour, cependant, quelque chose d'étrange se produit et, alors que Lana joue dans les bois avec son ami Elo, de mystérieux objets commencent à tomber du ciel, qui se révèlent immédiatement être des vaisseaux spatiaux d'une civilisation mécanique "extraterrestre" inconnue. Les envahisseurs commencent à massacrer les villageois, y compris le jeune Elo, ce qui laisse évidemment la petite Lana désemparée et désespérée. Elle s'enfuit de ce qui reste du campement en quête de survie. Elle fait la connaissance de Mui, un étrange petit animal à mi-chemin entre le chaton et Totoro, qui l'aidera à surmonter les incroyables dangers qui ont transformé la planète prospère en un lieu où règne la peur. Planet of Lana, premier titre du studio indépendant suédois Wishfully, est un pur plaisir pour les yeux et l'esprit, un jeu vidéo d'une pureté désarmante réalisé de manière démesurée, une perle rare qui ne doit absolument pas passer inaperçue et je ne pense pas que ce sera le cas.

Les influences sont claires et nettes, du style artistique au compagnon de route de Lana : la culture japonaise et en particulier les œuvres du Studio Ghibli. Impossible de ne pas le remarquer immédiatement, ne serait-ce qu'à partir de l'écran du menu du jeu. Planet of Lana est beau, c'est un tableau animé et vivant, plein de nuances et de détails peints à l'aquarelle qu'il faut observer minutieusement minute après minute, pendant toute la durée de l'aventure (malheureusement) courte. Les gars de Wishfully, filiale de l'agence de communication Fully, ont réussi à imprimer dans l'esprit du joueur l'image saturée d'un monde prospère dans lequel la nature ne fait qu'un, quelque chose qu'il est impossible de ne pas aimer, réussissant à transmettre d'une manière d'une simplicité retentissante le message, sûrement aujourd'hui galvaudé mais pas pour cette raison erroné, que la planète Terre est notre maison et que nous faisons partie de la création.

La science-fiction en tant que média.

Pour ce faire, les auteurs Adam Stjärnljus et Klas Eriksson touchent les clés de la science-fiction la plus classique, en citant non seulement quelques films cultes du genre, comme Rencontres du troisième type de Steven Spielberg, mais aussi des jalons du monde vidéoludique, en reprenant même leurs canons dans leur intégralité, notamment Another World, Flashback et le très beau The Way. Planet of Lana, en effet, n'est rien d'autre qu'une aventure à défilement latéral avec une touche cinématographique caractérisée par des éléments de puzzle dont la résolution, grâce à l'interaction constante avec Mui, permet de progresser dans le jeu. Des puzzles qui ne sont même pas trop présents et qui représentent presque une sorte de petit combat de boss avant de passer à une nouvelle zone, ne serait-ce que les plus structurés. Pour surmonter un obstacle, nous devrons utiliser les capacités de notre petit compagnon de voyage, à qui nous pouvons à tout moment demander de se positionner à un certain endroit de la scène ou d'interagir avec certains objets spécifiques, tels que des cordes. Le gameplay est propre et tout à fait analogue à celui du très classique Oddworld, où l'on pouvait prendre le contrôle des fidèles Mudokons pour franchir certains obstacles.

De ce point de vue, nous aurions sincèrement préféré quelques idées plus créatives, afin d'offrir au joueur un système de progression plus original, évitant ainsi le problème d'une structure d'énigmes totalement " banale et rabâchée ". En parlant de titres plus récents, on pourrait comparer Planet of Lana à de petits chefs-d'œuvre tels que Limbo et Inside, mais malheureusement sans atteindre le même niveau de qualité dans l'ensemble, non pas parce que le titre de Wishfully est particulièrement déficient sur un quelconque aspect, au contraire, mais peut-être seulement parce qu'il n'ose pas assez, en étant un peu trop simplifié. Techniquement, cependant, le jeu est vraiment magnifique, fluide et coloré, si incroyable visuellement grâce à une utilisation superlative du cel-shading qu'il capte continuellement l'attention. En fait, vous serez souvent plus attentif à apprécier la myriade d'animations à l'écran, même les plus invisibles, comme les feuilles qui soufflent dans le vent, Mui qui remue la queue ou les petites créatures grouillantes qui déplacent silencieusement des rochers en arrière-plan, qu'à chercher comment passer l'écran dans lequel vous vous trouvez. Autant de touches invisibles qui rendent l'univers du jeu encore plus lumineux et plus proche d'un véritable dessin animé.

Une aventure d'une qualité exquise.

Planet of Lana ne se relâche jamais, allant jusqu'à vous faire perdre complètement la notion du temps pour vous réveiller en sursaut à la fin de l'aventure sur les notes de la très belle musique qui accompagne le générique de fin. Pendant les cinq ou six heures nécessaires pour terminer l'histoire, vous ne remarquerez même pas le passage des minutes, tant les programmeurs ont réussi à façonner l'un des plus beaux titres auxquels nous avons joué ces derniers temps. Les défauts de la production, qui nous le répètons peuvent facilement être subjectifs, résident non seulement dans la durée trop courte de l'aventure, mais aussi dans une histoire certes plaisante mais assez banale dans son déroulement, enrichie de quelques rebondissements sans doute notables mais pourtant presque acquis. En plus de ces deux "petites" annotations, il faut ajouter que Planet of Lana se joue un peu trop facilement ; bien qu'il soit incroyablement agréable à l'œil et léger en main, grâce à une réponse fluide et harmonieuse aux commandes, le jeu présente des défis trop faciles à surmonter, faisant des puzzles, l'une des pierres angulaires du gameplay, un interlude banal entre des vues spectaculaires. Le risque, cependant, est de se retrouver face à un conte de fées linéaire plutôt qu'à une aventure interactive, bien que je doive dire que dans quelques cas, il a même été nécessaire de prendre un crayon et du papier, une méthode de résolution d'énigmes qui est devenue plus unique que rare dans le paysage vidéoludique d'aujourd'hui.

Planet of Lana est une merveille encore plus émouvante grâce à la fantastique musique du talentueux Takeshi Furukawa, le compositeur d'origine japonaise qui a remporté une liste interminable de récompenses pour la bande originale de The Last Guardian. Furukawa crée une fois de plus une bande-son remplie de douceur, d'espoir et de mélancolie qui ouvre presque littéralement le cœur du joueur, du moins dans quelques cas particuliers, et dans le générique de fin, vous pouvez même réaliser que vous êtes devant certains des moments les plus poétiques que vous ayez jamais rencontrés en tenant une manette dans vos mains. Sans parler de la voix émouvante de Siobhan Wilson, co-auteur de la bande originale avec Furukawa, dont la grâce accompagne doucement Lana et son amie Mui vers le dernier chapitre du voyage. En vérité, nous ne savons pas quoi vous dire d'autre que de jouer à Planet of Lana dès que possible, car le travail de Wishfully mérite vraiment, à tous points de vue, toute l'attention possible. L'aventure de Lana est un rêve éveillé, techniquement et artistiquement, aussi bien pour les amateurs du genre que pour tous ceux qui recherchent une histoire simple et légère et, pourquoi pas, une touche d'espoir pour l'avenir.