Scénario : Olivier Jouvray
Dessin : Benjamin Jurdic
Résumé : Au terme de leur périple dans une France en proie à l'abrupte fin du pétrole, Mollie, Oscar et leurs proches organisent leur survie, tous ensemble. Mais planter les graines du monde de demain ne suffit malheureusement pas à faire disparaître les rancoeurs d'hier. Les villageois du cru n'ont jamais aimé la noble famille d'Oscar, et c'est réciproque. Et comme personne ne se parle, Mollie aura fort à faire pour éviter que ce retour à la terre ne devienne un mauvais remake de la Révolution française...
Olivier Jouvray siffle la fin de la parenthèse enchantée. Il confronte à présent ses personnages soudés à un groupe exogène non moins solidaire, en tentant de régler leurs différends avant que les conséquences ne virent au sanglant. Bien que le conflit soit inhérent à la vie communautaire, il faut éviter de le laisser pourrir la situation. Le petit groupe se rend compte que sans les bienfaits matériels et technologiques acquis depuis quelques milliers d’années, vivre dans la nature ne relève pas de la promenade bucolique rousseauiste tant vantée et fantasmée. La nature demeure une entité violente, sauvage qui ne s’apprivoise qu’à partir du moment où on la comprend. Et même là, elle ne s’offre pas facilement (ouragans, tremblements de terre, éruptions volcaniques, visite de Cthulhu, etc.). Il existe pourtant deux groupes hétérogènes qui pratiquent la nature comme un loisir, à son écoute ou comme un apprentissage (à plus ou moins long terme) d’une autre forme de vie : les bushcrafters et, dans une moindre mesure, les survivalistes. Les premiers l’abordent comme des campeurs rustiques qui vivent en osmose avec le terrain (construction d’abri, taille d’outils avec les branches des arbres, récolte, chasse, etc.) avec le minimum de matériel, tandis que les seconds se préparent à l’écroulement de la civilisation (crise économique, écologique, zombies, visite de Thanos, etc.) retranchés dans des abris fortifiés, en accumulant matériel, nourriture, eau, groupe électrogène, outils, médicaments, armes, etc., ainsi que les techniques nécessaires pour attendre que l’orage passe. La frontière entre les deux est parfois ténue, bien que les seconds bénéficient d’une piètre image dans la société moderne. Parfois, hélas, à raison...
VERDICT
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Derrière le titre sartrien de cet épisode, Olivier Jouvray s’adonne en creux à un hommage indirect à ces pratiques. Il montre que la préparation n’est jamais inutile, en particulier lorsqu’il faut nourrir de nombreuses personnes sur la durée. À méditer en ces temps incertains.