Explorez des vestiges abandonnés et découvrez les sombres secrets du parc à thème Happy Funland de Mort Grisly.
Non, nous ne sommes pas à Disneyland.
Les rires des enfants se mêlent aux jurons des parents qui les poursuivent dans la foule, les étals prêts à arracher le moindre centime se mêlent aux bruits des machines et aux mélodies obsessionnelles qui veulent s'imposer à l'oreille de l'auditeur. Le tout pendant que de pauvres bougres, encapuchonnés dans de lourds costumes irrespirables, s'agitent en gesticulant comme des forcenés, bien décidés à arracher un sourire aux petits fugitifs. Une image qui, si elle est vécue dans la peau de l'un des deux adultes mentionnés, relègue l'expérience horrifique de HappyFunland au rang de simple promenade de santé. Mais lorsque vous jouez au titre Spectral Illusions, vous vous rendez compte que l'horreur n'est pas tant dans les thèmes que dans la réalisation brute. Pourquoi choisir d'explorer un parc d'attractions délabré, aujourd'hui réduit à un tas d'épaves caché dans les marécages de Floride ? C'est peut-être là le plus grand mystère qui anime HappyFunland, et qui nous amènera à croiser notre méchant désir avec le farfelu Larry, un individu bizarre et bavard qui, à bord d'un aéroglisseur, nous accompagnera jusqu'aux portes de ce lieu qui fut jadis un symbole d'amusement. Naturellement, notre promenade de santé va vite se transformer en course à la sécurité, dès lors que l'on s'aperçoit que les différentes attractions encore en activité ne sont mues que par le désir de nous tuer, tout comme les automates fous qui déambulent dans le parc, impatients de se repaître de notre chair. Un film d'horreur qui, faisant un clin d'œil à Five Nights at Freddy's et réécrivant la parabole créative de Walt Disney de manière encore plus sournoise, met en place un récit qui aurait sans doute du potentiel, une fois oublié l'incipit absurde.
Oui, car le terrain de jeu abandonné est caractérisé de façon très pertinente, riche en éléments ironiques et annonciateur d'une critique sociale très juste, qui ne peut manquer de faire sourire, grâce à une série de citations complètement renversées et très bien réalisées. Difficile de ne pas voir dans Randy Rodent et ses dessins macabres une référence à la souris la plus célèbre de l'animation, tout comme la plantureuse princesse aux cheveux blonds ne peut que rappeler la Blanche-Neige née dans les studios de Burbank. Et puis il y a les versions sadiques des attractions emblématiques des parcs Disney, de Pirates des Caraïbes à It's a Small World, en passant par le futuriste Epcot. Il y a beaucoup de choses sous la surface narrative de HappyFunland, un monde sous-marin qui ne peut manquer de titiller l'imagination du joueur, mais qui a malheureusement fini par être contrarié par une réalisation ludique trop maladroite.
La violence ne résout rien.
La déambulation dans le parc d'attraction HappyFunland aurait également un bon potentiel, si elle se limitait à quelques énigmes et à une marche salutaire, en laissant providentiellement les combats de côté. Car tant qu'il s'agit d'échapper à un cinéma mortel ou de profiter d'une balade en canoë, le jeu de Spectral Illusions réussit à capter l'attention et à divertir, même avec les situations bizarres qu'il nous fait vivre. Les problèmes commencent lorsqu'il faut se battre, et qu'il faut échapper aux automates fous, autrefois mascottes de l'endroit, que l'on peut vaincre à l'aide des objets contondants du jeu. Une situation qui s'est avérée assez ridicule et qui a posé de nombreux problèmes, étant donné la façon dont les robots se comportent : des blocs de mouvement soudains, des interpénétrations avec l'environnement et un système de combat qui nous demandera seulement d'agiter notre main armée contre leur tête, en attendant de les voir sauter, sont les clés de l'affrontement. Des moments qui, précisément à cause de ces lacunes, finissent par perdre leur valeur effrayante pour ne devenir qu'un ennui comique et désastreux. Ce qui trouve sa sublimation bizarre dans les séquences finales bancales.
Pour le reste, tout fonctionnerait également bien, grâce à un compartiment technique en tout cas efficace, capable de garantir un bon coup d'œil, accompagné d'animations de personnages discrètes et d'une direction artistique vraiment efficace, qui ne lésine pas non plus sur des gimmicks très appréciables (les moments hallucinatoires sont vraiment intrigants, tout comme les faux films présents). Il y a cependant quelques défauts, comme certaines interpénétrations et la physique de la balle de minigolf (l'une des mécaniques de jeu présentes) qui sont vraiment ratées. Le compartiment sonore est bon, avec des effets sonores convaincants et une bonne voix off en anglais. Malheureusement, il manque une localisation en français, tout comme les sous-titres (même ceux en anglais), ce qui oblige à bien maîtriser la langue parlée pour comprendre quelque chose à l'histoire : et les dialogues sont vraiment nombreux, malgré les trois heures environ de durée.
VERDICT
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Nous attendions HappyFunland avec une grande curiosité, prêt à vivre une bonne expérience d'horreur virtuelle. Malheureusement, malgré un cadre vraiment soigné et intéressant et un substrat narratif intriguant, le titre de Spectral Illusions se présente à l'appel de manière bien minable, affaibli par des combats tout simplement mauvais qui, compte tenu de leur poids dans l'économie globale de la production, finissent par rendre l'ensemble insuffisant. Et c'est bien dommage, car lorsqu'on se contente d'explorer le parc d'attractions délabré et de se plonger dans son lore, HappyFunland apporte un potentiel intéressant. Mais compte tenu de ses lacunes ludiques et de sa courte durée, il est vraiment difficile de le recommander.