Scénario et dessin : Vicente Cifuentes
Vicente Cifuentes nous a déjà montré avec le deuxième album combien il est agréable de revenir dans le monde de Murdervale, c'est une façon de parler clairement, et ces mêmes sensations sont maintenues avec ce troisième album , qui ouvre également des portes très intéressantes pour que ce ne soit pas seulement la fin d'une trilogie, qui d'une certaine manière peut être comprise de cette façon, mais le début de quelque chose de plus grand et avec un avenir imprévisible. Mais avant de penser au futur, il est temps de parler du présent et d'évaluer ce troisième album de Murdervale de manière très positive. Cifuentes gère avec beaucoup de succès ce mélange divertissant de réalité et de fantaisie qu'il a d'ailleurs déjà exploré avec beaucoup de succès il y a longtemps dans Signs, avec lequel il partage certains éléments. Avec Murdervale, il a trouvé une formule qui fonctionne, mais en même temps il a su la montrer d'une manière qui évite les répétitions... tout en nous faisant curieusement nous sentir chez nous. Murdervale 3 ressemble, à bien des égards, à Murdervale ou Murdervale 2, mais ce n'est jamais le même. C'est une sensation circulaire qui enrichit l'intention claustrophobe que contient cet univers chaque fois que son auteur décide de l'élargir pour ses lecteurs, si fidèles que la publication s'est fait grâce au financement participatif.
Dans le même ordre d'idées, ce qu'il y a de bien dans l'histoire de Murdervale, c'est que, suivant des schémas assez similaires et en fait assez confortables à la fois pour l'auteur et le lecteur, on a aussi le sentiment que l'univers grandit. Il le fait de la part des personnages que Cifuentes nous invite à aimer et aussi de la part de ceux qui sont appelés à remplir nos cauchemars. Concernant ces secondes, la plus grande évolution a été observée dans le deuxième album mais les ajouts de cette sortie ne sont pas négligeables, malgré le fait que Cifuentes se concentre sur son protagoniste, Víctor. En fait, Murdervale 3 parle de son traumatisme, des problèmes qu'il a rencontrés depuis sa visite dans la sinistre ville qui donne son titre à la série. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Eh bien, même avec l'escalade du côté le plus sombre de la série et combien il est amusant de laisser le mal inonder la page, cela semble être l'album le plus intime de tous. Ce n'est pas que les deux premiers ne l'étaient pas, bien au contraire, mais dans ce troisième volet, les scènes les plus personnelles ressortent. Cifuentes explore bien les deux avenues et fait de son deuxième retour à Murderville un succès, car au sein d'un prisme plus ou moins fermé, il continue de faire en sorte que son monde ait encore des coins à explorer. Le dessin de Cifuentes ne laisse également aucun doute, tout comme l'habitude et les bonnes manières de l'auteur. D'abord pour son efficacité, celle qui lui est habituelle, qui domine les deux registres que possède sa série, le plus proche et le plus réaliste mais aussi celui de la dark horror fantasy. S'il y a eu du plaisir visuel avec les deux premiers albums de Murderville , il est certain qu'il y aura aussi du plaisir visuel dans ce troisième car l'ampleur est largement augmentée. Insistons ici encore une fois sur la façon dont Cifuentes se comporte dans l'intimité du couple protagoniste, auquel nous participons sans qu'il ait besoin de recourir à des touches éculées de sexualité plus explicite. Murdervale n'a pas besoin de quelque chose comme ça pour être suffisamment sensuel pour vibrer également de ce point de vue. L'auteur présente presque l'histoire comme une convergence inévitable entre ces deux mondes, donnant des pages entières à chacun d'eux jusqu'à ce qu'ils se rencontrent enfin. Et ce que nous décrivons également de Murderville à travers le contenu supplémentaire que les mécènes découvraient avec leurs contributions ne fait que confirmer que nous sommes face à un monde bien pensé par un auteur aussi polyvalent que solvable.
VERDICT
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Chaque œuvre que Vicente Cifuentes publie en Espagne le fait grandir en tant qu'auteur. Avec Murdervale, il a franchi une autre étape, celle de rechercher l'auto-édition. Voici la conclusion d'un thriller d'horreur qui se lit avec une immense facilité et que l'on ne se lasse pas de recommander. La formule, avec ses particularités, semble encore bien loin d'être épuisée.