Amy Winehouse (Marisa Abela) a grandi à Londres ; ses parents se sont séparés alors qu'Amy était encore une enfant. Son père Mitch (Eddie Marsan) travaillait comme chauffeur de taxi. La percée nationale avec son premier disque fut bientôt suivie d'un succès international - en tant que chanteuse, dont la musique et le look déclenchèrent une vague mondiale de soul rétro. Son petit ami et futur mari Blake Fielder-Civil (Jack O'Connell), avec lequel elle a eu une relation très instable, a contribué à ce qu'Amy consomme des drogues dures en plus de ses problèmes d'alcool. La presse l'a observée en permanence - jusqu'à sa mort prématurée.

Un biopic sur la chanteuse de soul britannique Amy Winehouse, née en 1983 et décédée en 2011, est inévitablement lié au risque d'accentuer le sensationnalisme qui caractérisait déjà la réception de cette artiste exceptionnelle à l'époque. Les problèmes psychiques et l'abus de drogues de Winehouse ont été immortalisés dans de nombreuses vidéos et photos de paparazzi. Le documentaire "Amy" (2015) d'Asif Kapadia, récompensé par un Oscar, a également eu recours à ce matériel - et n'a fait que reproduire parfois le regard insupportablement scandaleux porté sur une personne qui devait surtout rester dans les mémoires pour son style particulier et son grand talent. Avec "Back to Black", le scénariste Matt Greenhalgh et la réalisatrice Sam Taylor-Johnson ("Fifty Shades of Grey"), qui avaient déjà créé en équipe le film biographique très attachant "Nowhere Boy" (2009) sur John Lennon, réussissent exactement cela : l'œuvre rend hommage à la vie trop courte mais intense de l'artiste de soul et de jazz et saisit avec un dévouement absolu à quel point elle était exceptionnelle. Nous voyons comment Amy compose ses chansons personnelles, comment elle devient célèbre à ses propres conditions ("I ain't no fucking Spice Girl !") et comment elle tire encore de l'inspiration de ses expériences douloureuses malgré tout le poids qu'elles représentent. Les relations avec sa grand-mère, incarnée par Lesley Manville ("Another Year"), et son père, joué par Eddie Marsan ("Happy-Go-Lucky"), sont traitées avec délicatesse. La difficile relation on-and-off avec son (ex-)ami/époux Blake Fielder-Civil est montrée du point de vue d'Amy, sans peinture simpliste en noir et blanc. Ainsi, leur rencontre dans un pub autour d'un billard - notamment grâce à la charmante performance de Jack O'Connell ("Unbroken") - a l'effet nécessaire pour que l'on suive l'ensemble avec fascination de bout en bout. Dans le rôle principal, Marisa Abela ("Industry") livre une prestation sensationnelle. Sans jamais avoir l'air costumée, elle est étonnamment proche de la vraie Amy Winehouse, toujours crédible - et en plus, elle chante elle-même toutes les chansons de manière extrêmement convaincante. Bravo !