La fleur au fusil Plate-forme : Bande Dessinée Date de sortie : 07 Juin 2024 Editeur : Développeur : Genre : Bande dessinée Multijoueur : Non Jouable via Internet : Non Test par Nic0078/10 Scénario : Cédric Mayen La fleur au fusil c'est l'histoire vraie d'une femme hors du commun. Michelina Di Cesare réussit grâce à son image à unifier les habitants du sud face au joug des nordistes. Elle est le symbole d'une époque. Elle incarne le sud, un monde rural dépossédé de ses terres qui s'insurge contre l'exclusion des répartitions des richesses nationales. Michelina contribua à programmer des attaques contre les milices italiennes qui représentaient la bourgeoisie qui affame les paysans. Raconter leur histoire, c’est raconter l’histoire de peuples qui étaient au centre de projets politiques qui ne les prenaient pas en compte mais qui les utilisaient pour créer, ou stabiliser, une nouvelle classe dirigeante. De quelque point de vue qu'on l'envisage, la vie des paysans et paysannes du Sud était une existence de misère, de faim, de privations et c'était le cas, à cette époque, dans tous les États où le respect de l'être humain n'était pas encore envisagé. Donc partout. Dans un monde et à une époque où pauvreté et oppression allaient de pair, survivre est devenu un défi. Parmi les pauvres, les plus pauvres étaient les ouvriers, ceux qui ne possédaient rien, qui préparaient un repas après avoir été exploités pendant une journée entière. Rien de plus qu'un repas. Il y avait ceux qui gardaient la barre droite, ceux qui volaient à l'étalage pour ramener à la maison un fruit ou un poulet, ceux qui se tournaient vers le crime. Ces derniers étaient des bandits mais étaient souvent appelés brigands. Bandits et brigands n'étaient pas la même chose même si les bandits ne manquaient pas parmi les bandits ; pourtant nous voulions et voulions toujours réunir les deux catégories sous un seul nom. Ce sont les Français qui ont utilisé pour la première fois le terme brigantage au XVe siècle. Ils qualifièrent de brigandage les soulèvements pro-Bourbon de 1799 et firent de même pour signaler les protestations espagnoles à l'arrivée de Joseph Bonaparte. Il s’est développé sur les territoires de l’ancien Royaume des Deux-Siciles après la naissance de l’Italie et était un mouvement de rébellion complexe qui comptait de nombreuses âmes en son sein. Il y avait des anciens Bourbons, il y avait des légitimistes, il y avait des déserteurs, il y avait des pauvres. Ils nous ont parlé d'eux et les ont décrits comme des criminels anti-unification, comme de simples continuateurs d'une tradition illégale, écrivant les pages de cet autre versant du Risorgimento avec la plume trempée dans l'encre des préjugés anti-sudistes. Ils avaient à leurs côtés cette masse importante de propriétaires terriens, plus ou moins riches, qui exploitaient cette vision pour mieux cultiver leurs intérêts au détriment, encore et encore, des classes les plus humbles, les plus déshéritées et les plus exploitées. Ceux qui ont combattu dans les forêts épaisses du sud de l’Italie ont parfois choisi sans autre choix. Désobéir était une nécessité. L’histoire personnelle puis publique de Michelina Di Cesare s’inscrit dans ce contexte kaléidoscopique : si elle n’était pas devenue brigande, elle ne serait restée qu’un numéro inconscient parmi les nombres multi-zéros des pauvres parmi les pauvres. Le point fort de ce one shot de plus 95 pages est son sujet : le rôle joué par Michelina Di Cesare contre l’unification italienne imposée dans la seconde moitié du XIXè siècle. Avant d’entamer l’album, il est conseillé de consulter le dossier de cinq pages consacré à cette femme. Cela commence par une scène d’action, la bande de brigands dirigée par Michelina s’apprête à attaquer une vingtaine de piémontais en tenue régulière qui escortent des prisonniers. Le scénario de Cédric Mayen (« Pax Elfica », « Poltron Minet ») est bien mené. Il alterne des séquences d’action avec des flash-back retraçant les moments importants de la vie de l’héroïne. La lecture est fluide sans temps mort. Pour favoriser l’immersion dans cette tragédie, le dessinateur italien peu connu Cristiano Crescenzi a choisi un style réaliste avec un encrage très marqué en s’inspirant des quelques photos disponibles de Michelina. Il réalise également la mise en couleur avec des tons chatoyants pour symboliser le soleil de l’Italie du sud. Les visages sont burinés, durs pour montrer la vie difficile de cette population. Au final, un album réussi qui peut se lire comme un livre d’aventure mais cela serait passer à côté. Son plus grand intérêt est qu’il donne envie de se plonger dans cette période historique pour en apprendre davantage. VERDICT-La fleur au fusil explore le passé de la jeune Michelina Di Cesare afin de comprendre comment elle est devenue la symbole de la lutte contre le patriarcat ! Le tout est superbement illustré par Cristiano Crescenzi. |