Malgré sa solide constitution et son épaisse carapace, les dernières cabrioles d’Alpha et son séjour à l’hôpital en réanimation ont laissé notre héros bien diminué physiquement et surtout coincé dans une chaise roulante. Il est donc temps de renforcer l’équipe d’Irène Keller en recrutant un peu de sang frais, les fameux Roadies. Mais notre agent toujours aussi spécial n’est pas près à prendre sa retraite et surtout pas à être remplacé par de jeunes recrues inexpérimentées. Après une courte mission agitée à Budapest pour mettre à l’épreuve le nouveau venu, une affaire de trafic de matériaux radioactifs est soumise à l’attention de Sybil par une amie médecin opérant au Moyen Orient. L’occasion est trop belle pour Alpha de démontrer qu’il est loin de la mise au placard et qu’il peut encore être un acteur efficace sur le terrain. Direction Le Caire avec toute l’équipe pour y prendre connaissance en détail des enjeux et ce au départ des maigres informations dont dispose la police locale. Au menu, la traque d’un mystérieux malfaiteur international spécialisé dans le commerce d’armes en tout genres et qui se fait surnommer Mr Washington. Une provocation évidente destinée à narguer l’oncle Sam qui se prétend être le gendarme du monde libre…

Emmanuel Herzet (scénariste belge, connu pour Nottingham, Centaurus, etc. ) parvient une nouvelle fois à apporter quelques rebondissements pour que cela ne devienne jamais monotone. Cela signifie parfois qu’il faut revenir en arrière pour bien le comprendre. Cependant, cela ne devient jamais dérangeant et on remarque que c'est l'œuvre de quelqu'un qui sait ce qu'il fait et qui regarde tout en détail. En combinaison avec les dessins d'action astucieux d'Alain Queireix (IRS, Miss Octobre, etc ), cela offre un divertissement d'espionnage amusant. Tout est élaboré dans les moindres détails, l'histoire est magnifiquement racontée et crée la bonne atmosphère, à savoir celle du réalisme où la tension monte. Dans ce tome 19, les auteurs présentent une facette inhabituelle de leur aventurier qu’on imagine souvent inaltérable et se sortant presque de toues les situations avec seulement quelques égratignures. Ici c’est un Alpha affecté moralement par son état de santé qui l’handicape fortement mais qui refuse cette situation comme une fatalité insurmontable et se lance malgré tout, c’est plus fort que lui, dans des manœuvres périlleuses qu’on imagine pas à la portée d’un homme quasi hémiplégique.