Un monde cyberpunk décadant.

Développé par Magic Haeard, Memory Lost vous permet d'incarnezr une intelligence artificielle consciente, échappée au contrôle de ses créateurs, capable de posséder le corps de vos ennemis pour combattre, survivre et peut-être découvrir qui vous êtes vraiment. L'histoire se déroule dans une métropole dystopique, ravagée par des guerres d'entreprises et une technologie hors de contrôle. Rien de nouveau sous le soleil de plomb, mais Memory Lost parvient à créer une atmosphère crédible, faite de couloirs métalliques, de lumières clignotantes et de terminaux abandonnés. La conception visuelle est fonctionnelle, sans être particulièrement inspirée : l'esthétique est plus efficace que mémorable , mais elle parvient à maintenir l'immersion. L'histoire de Memory Lost se déroule par fragments : dialogues cryptiques, fichiers corrompus, souvenirs dispersés. Il n'y a pas d'intrigue linéaire à suivre, mais plutôt une mosaïque à reconstituer. Cette approche peut être déroutante pour ceux qui recherchent un récit classique, mais elle récompense les joueurs les plus curieux et attentifs. Le thème de l'identité – ce que signifie être soi-même en changeant constamment de corps – est traité avec intelligence, même si ce n'est pas toujours avec profondeur. Certaines réflexions philosophiques émergent, mais restent en arrière-plan, laissant place à l'action. Ce choix est cohérent avec le ton du jeu, qui privilégie la suggestion à l'explication. Heureusement, les textes à l'écran ont été localisés en français.

Le cœur de Memory Lost est la mécanique de possession. Ce n'est pas seulement un élément narratif, mais un véritable élément clé du gameplay. Chaque ennemi est une ressource potentielle : un corps à habiter, une arme à exploiter, une capacité à tester. Le jeu vous pousse à réfléchir tactiquement , en évaluant qui posséder en fonction de la situation, du type de menace et de votre style de jeu. Le système de contrôle à deux joysticks est fluide et réactif, avec un bon équilibre entre attaques à distance et attaques au corps à corps. Les moments frénétiques ne manquent pas, mais Memory Lost n'est pas seulement un jeu de réflexes : c'est aussi un puzzle dynamique, où chaque pièce est une énigme à résoudre avec le bon corps. De plus, l'un des aspects les plus réussis de ce jeu est son système de progression. Grâce aux arbres de compétences, vous pouvez façonner votre propre style de jeu , en améliorant la durée de possession, la résistance des ennemis ou l'efficacité des armes. Cela ajoute une dimension stratégique intéressante, qui encourage l'expérimentation et rend chaque partie légèrement différente.

Des hauts et des bas.

Le style artistique de Memory Lost ne cherche pas à éblouir avec des effets spéciaux, mais à construire une identité visuelle cohérente avec son univers narratif. L'esthétique cyberpunk se traduit par des environnements claustrophobes, des néons clignotants et des textures métalliques qui transmettent un sentiment constant d'oppression. Chaque niveau semble sculpté dans la rouille et le silicium , évoquant une ville qui s'est oubliée autant que le protagoniste. Si le design n'est pas révolutionnaire, il est efficace : il évoque la décadence, le contrôle et l'aliénation grâce à une palette de couleurs froides et vives, où le bleu électrique et le rouge sang dominent. D'un point de vue technique, le jeu fonctionne bien sur PlayStation 5 , avec des temps de chargement rapides et une fréquence d'images stable. Cependant, certaines animations sont raides et certains effets visuels paraissent démodés. Ce n'est pas un titre qui vise le photoréalisme, mais un peu plus d'attention aux détails aurait amélioré l'expérience globale. Côté audio, le jeu adopte une approche tout aussi fonctionnelle. La bande-son électronique accompagne l'action de rythmes synthétiques et de pulsations distordues , accentuant la tension dans les moments les plus frénétiques et laissant place au silence dans les passages les plus dérangeants. Les effets sonores sont parfaitement calibrés : chaque coup, chaque pas métallique, chaque mouvement de corps possède un poids acoustique précis. Le résultat est une conception sonore qui, sans en faire trop, parvient à maintenir l'atmosphère et à renforcer le sentiment d'être une entité désincarnée dans un monde qui ne vous appartient pas.

Malgré ses qualités, Memory Lost n'est pas exempt de défauts. Certains niveaux paraissent répétitifs et la variété des ennemis est limitée. De plus, la courbe de difficulté peut être irrégulière, avec des pics soudains qui risquent d'être frustrants. Mais la véritable limite réside peut-être dans un certain manque de finition générale : des animations grossières, une interface peu intuitive et une direction artistique qui n'ose jamais vraiment. Il y a pourtant quelque chose de fascinant dans la façon dont le jeu assume son identité imparfaite. À l'instar de son protagoniste IA, Memory Lost semble se chercher, et une partie de son charme réside dans cette tension. A noter que cette édition physique propose en plus du jeu sur Blu-Ray, un fourreau exclusif et une carte postale à effet métallique. Est-ce que cela mérite d'y mettre dix euros de plus que la version vendue sur le PlayStation Store ? Pour les collectionneurs assurément, pour les joueurs occasionnels cela est moins tentant.