Charlie Heller ( Rami Malek ) mène une vie relativement tranquille en tant qu'agent de la CIA. Il laisse à ses collègues les missions d'espionnage international top secret. Son travail consiste à maintenir le contact avec des informateurs, à examiner des documents et à déchiffrer des messages cryptés, le tout depuis son bureau sécurisé au cinquième sous-sol du siège de la CIA à Langley, en Virginie. Ce monde idéal, cependant, bascule lorsque sa femme Sarah ( Rachel Brosnahan ) est victime d'un attentat présumé lors d'un voyage d'affaires à Londres. Malgré son chagrin, Heller fournit à ses supérieurs les noms de tous les mercenaires impliqués dans l'attaque en un temps record, dans l'espoir qu'ils soient traduits en justice. Mais lorsqu'il réalise que son patron ( Holt McCallany ) connaissait déjà l'information et nourrit ses propres intentions pour l'Agence, Heller se lance seul à la recherche des assassins de sa femme.
Après l'apogée des films d'espionnage dans les années 1960 et 1970, ce genre s'est raréfié en dehors des franchises et est souvent relégué au rang de blockbuster d'action. Avec The Amateur, James Hawes ( One Life ) s'essaie au film d'espionnage à l'ancienne et repousse les limites à plusieurs reprises pour élever son film, mais il n'y parvient pas toujours. On le comprend vite : Heller, interprété par Rami Malek, est extrêmement intelligent, mais secret. Il se sent particulièrement à l'aise lorsqu'il déchiffre des documents et résout des énigmes. Outre ses simples relations avec ses collègues, sa femme est aussi sa seule véritable confidente. Hormis la première scène et un bref appel téléphonique, le spectateur en apprend peu sur Sarah. Difficile donc de s'identifier à Heller et de s'enthousiasmer pour sa mission de vengeance personnelle. Même les antagonistes ne parviennent pas à résoudre ce problème. L'attentat supposé de Londres s'avère être une mission mercenaire ratée. La sécurité mondiale n'est jamais véritablement en jeu, et la motivation du quatuor de mercenaires autour de Sean Schiller ( Michael Stuhlbarg ) n'est pas une idéologie dangereuse, mais simplement l'argent. Par conséquent, L'Amateur ne parvient pas à générer un réel impact, et donc une tension, ni sur le plan émotionnel ni sur le plan rationnel.
En dehors de l'intrigue, Hawes emprunte des chemins intéressants et adapte intelligemment l'approche de Heller à ses points forts. Une séquence d'entraînement montre dès le début que Heller n'est pas un agent de terrain typique : il manque d'entraînement, de confiance en lui et, surtout, de cruauté. Ses méthodes pour éliminer ses adversaires sont tout aussi créatives et distantes afin d'éviter les confrontations directes. Cela semble bien pensé et reste fidèle au personnage. Comme c'est souvent le cas dans le genre, sa mission consiste en un jeu du chat et de la souris à travers l'Europe, où il a toujours une longueur d'avance sur ses collègues de la CIA. James Hawes est plutôt sobre dans les séquences d'action, mais lorsqu'il y a des poursuites ou des attaques, elles sont mises en scène avec brio. Malheureusement, la bande-annonce et les supports promotionnels anticipent deux des meilleures scènes, atténuant ainsi les moments les plus forts du film. Rami Malek livre une performance solide, mais il incarne une fois de plus un personnage qu'on lui a trop souvent attribué : le nerd légèrement excentrique et socialement déficient. Si cela fonctionne généralement bien, son interprétation paraît souvent artificielle dans les scènes émotionnellement intenses. Les autres personnages restent pour la plupart fades et ont peu de place pour se développer, à l'exception de Laurence Fishburne, qui, avec Malek, est le seul à bénéficier d'une plus grande attention dans le scénario et parvient ainsi à marquer le film de son empreinte, du moins par endroits.
VERDICT
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« The Amateur » est un thriller d'espionnage solide, qui trouve parfois de nouvelles idées et ramène au cinéma un genre négligé. Cependant, le manque de profondeur des personnages et une intrigue superficielle, dépourvue de prise de risques, laissent au film un potentiel inexploité.