Si vous avez une pointe de doute sur la compréhension du récit, un résumé très court et très compréhensible en prologue débute cet album et on entre dans l’histoire comme dans cette plaine traversée par les protagonistes à mi chemin du récit : avec confiance et plein de surprises. Dans la lande qui s’étend à perte de vue, presqu’à l’infini semble t’il,  Bragon et ses compagnons cherchent sans relâche l’aiguille dans la botte de foin: une route qui les mènera vers un lieu secret, oublié et délaissé. C’est l’Omégon, le creuset de la discorde originelle ou les dieux anciens ont condamné l’un des leurs à un exil éternel. Ramor, depuis, gît reclu, banni condamné à l’oubli dans un énorme coquillage, une conque. Mais le dieux déchu garde encore des adeptes et leur nombre ne cesse de croître, de gré ou de force de nouvelles recrues sont enrôlées et marquées au fer rouge pour signifier leur allégeance à Ramor. L’ordre du signe, dirigé d’une main de fer par l’impitoyable ‘Douairière’ étend son emprise sur la population, exécutant cruellement pour l’exemple les réfractaires qui refusent de se soumettre. Face au chaos qui s’annonce et pourrait signifier la fin d’Akbar, la princesse Mara, épaulée par son cousin Bodias, a songé à un plan qui pourrait bien être celui de la dernière chance. Elle en garde secret les détails, ce qui n’est pas pour rassurer Bragon, tout comme elle ne lui a pas avoué porter son enfant. Seule certitude, pour exécuter celui-ci, il est indispensable de trouver l’Omégon pour y planter une mystérieuse graine. Sur les chemins tortueux et incertains qui les rapprochent de leur objectif, les rencontres ne sont pas toujours amicales et la pensée des conséquences funeste d’un échec est omniprésente, ce qui n’empêche pas la vie de suivre son cours, en témoigne les chamailleries entre Bulrog et Bodias qui se disputent les faveurs de la pétillante et séduisante Kryll…

Le prequel de l'immense série qu'est "La Quête de l'Oiseau du Temps" parvient enfin à son terme avec ce tome 12 (qui est numéroté 8 dans ce cycle). Il aura donc fallu quand même 26 ans pour terminer ce deuxième cycle sur lequel se sont succédés plusieurs dessinateurs. La boucle est-elle bouclée de façon satisfaisante ?  C'est de la fantaisie à son meilleur sans être trop fantastique. Oui, il y a d'étranges bêtes et autres créatures, et on parle de rois sorciers, mais ce qui prime ici, ce sont les émotions et la lutte contre une secte. Il n’y a pas vraiment beaucoup d’autres éléments fantastiques. Vous pouvez tout aussi bien placer la même histoire dans un cadre contemporain, ce qui rend cette série acceptable même pour un haineux enragé de fantasy. Ce dernier album propose pas moins de 100 planches pour la conclusion de l'histoire et elles sont mises à profit très efficacement. C'est Vincent Mallié qui reprend le dessin ici et il s'en sort magnifiquement composant des planches très spectaculaires et d'autres réussissant à rentrer dans l'intimité de ces personnages qu'on a appris à aimer. Le scénario est aussi très bon : Loisel et Le Tendre ont réussi à boucler avec le cycle d'origine en rendant tout très logique et en nous fournissant une fin très aboutie. Cela ne va pas sans quelques moments très émouvants où des personnages de premier plan (spoil !) vont mourir... La "Quête" est définitivement une série majeure de la BD d'héroïc-fantasy.