Great Pacific est un comics en trois tomes (Chacun d'entre eux comporte six épisodes). Dans le premier volume, nous avons découvert le Vortex de déchets du Pacific Nord (Great Pacific Garbage Patch), un gigantesque amas de déchets plastiques dont la superficie dépasse celle du Texas. Riche héritier de la famille Worthington, Chas a décidé de bâtir une nation sur cet agrégat d'ordures flottant. Ce deuxième tome (comportant les parties 7 à 12) a été écrit par Joe Harris et dessiné par Martin Morazzo. L'intrigue débute 18 mois après la fin du premier volet, une très longue ellipse temporelle donc. Les premiers colons du Nouveau Texas viennent de s'installer sur ce continent artificiel, et on retrouve pas moins de 704 habitants. Bien sur, Chas Worthington est toujours le président de cette micro-nation, et lors du conseil des ministres, il présente sa stratégie qui lui permettra de faire reconnaître New Texas comme une nation souveraine. Mais un incident se produit durant la réunion : Un coup de feu est tiré. Quelqu'un a tenté de l'assassiner !

Il faut dire que Chas s'est fait beaucoup d'ennemis. Non seulement, l'homme d'affaires a noué des alliances avec des pays douteux d'Afrique, mais sa déclaration devant les membres de l'ONU n'a pas été bien accueillie par le gouvernement américain. Pour ne rien arranger, de nombreux actes de sabotages affectent New Texas, perpétrés par l'association écologique Green X, et les conséquences des détournements de fonds réalisés par Worthington se font désormais sentir. Toutes les convictions du personnage sont remises en cause, et il apparaît antinomique de vouloir créer une industrie de recyclage sur un vortex de déchets. A noter par ailleurs que ce tas d'ordures est ancré au fond marin grâce à une technologie de forage présenté dans ce deuxième tome. Le scénario de Joe Harris comporte des passages très orientés science-fiction, et plusieurs composantes intrigantes sont cette fois abordées. On comprend mieux où nous amène les auteurs, ce qui laisse supposer un final très surprenant.

Le dessin élégant de Martin Morazzo et sa mise en couleurs soignée évoquent beaucoup la bande dessinée traditionnelle, davantage que les comics réguliers. Le trait est volontairement réaliste, sans tomber dans un excès de détails graphiques. La ville est crédible, et c'est en soi un sacré prestation pour faire croire à ce terrain mouvant. Chaque chapitre se termine par un habile cliffhanger qui donne envie de poursuivre la lecture.