Scénario : Hubert Boulard
Dessin : Vincent Maillé
Islen et Arzhur sont en fuite, le Roi lance après eux toutes ses forces armées. Sa fille est reniée, désormais ennemie du royaume après avoir déchaîné sa peur et sa rancœur sur les siens sans pitié ou remord, comme dans un état second. Alors, les deux âmes lourdes et esseulées se soutiennent, se livrent, s'apprennent et vont devoir lutter pour survivre et affronter leurs passés et leurs héritages respectifs. Qu'ont-ils encore à perdre...? ~
Hubert, que nous avez vous laissé là encore une fois ? Quel don que celui de jouer avec les codes des contes, de la fantasy et des sentiments, aussi sombres soient-ils tous ? Quelle jolie métaphore sur la difficulté de se défaire de l'héritage parental, quelle est donc notre part de libre-arbitre quand nous reproduisons ce que nous ont transmis ceux qui nous ont élevés. Ces deux êtres ont commis une erreur, dans quelle mesure cela doit-il les poursuivre toute leur existence ? Avec brio, comme c'était à son habitude, le regretté Hubert nous emmène au cœur d'un conte fantastico-médiéval sombre et violent qui comporte son lot de chevaliers, d'honneur, de mythe (Mélusine traine indubitablement dans les parages), d'amour et de mort. Lorsqu'il est temps d'assumer qui on est, ce qu'on ressent, et nos erreurs comme nos forces, c'est là que Vincent Mallie intervient aussi ! Le dessin est encore et toujours somptueux, en mouvement, en émotions. Nous sommes absolument fans de ce trait fin si poétique et si vivant, ou l'ombre et la poussière se battent avec le fer et le sang quand la lumière et l'amour ne sont pas en reste. Une fois que tous se sont rejoints, et qu'il faut finalement en finir, il reste le goût des larmes. Parce qu'au final, l'Amour est peut-être le seul sentiment qui se fraiera toujours un chemin vers la lumière, quitte à tout dévaster sur son passage.
VERDICT
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Un conte de fées qui commence classiquement et innocemment et se transforme rapidement en un cauchemar fantastique. Si c'était la toute dernière bande dessinée qu'Hubert pouvait signer, cela s'avérerait être un merveilleux testament.