Scénario et dessin : Gaël Henry
Ana et son frère Noé sont en balade lorsqu'ils se perdent dans une grotte étrange. Ils se retrouvent séparés et Ana part à la recherche de son frère dans ce paysage inconnu et fantastique. En lisant Terrible, on traverse plusieurs contes russes comme ceux de Baba Yaga et Vassilissa-la-belle pour donner un conte unique à l'humour grinçant et parfois cruel.
« C’est pas si terrible que ca. Ca va aller. Tu vas t’en remettre »… On passe notre temps a essayer de relativiser les coups qui nous semblent parfois si durs. Puisque seule la mort est tragique, on se relève à chaque anicroche en espérant que les pas qui suivent seront plus sereins. Et puis parfois ca ne s’arrête jamais. Comme dans « Terrible - L’enfant, la jeune fille et la sorcière ». On pense lire une sorte conte de fée, dans un monde où le bien fini toujours par l’emporter, où la dureté d’une situation est immédiatement adoucie par l’enchantement et l’on se trompe. Ici, chaque circonstance amène au pire. Et c’est même souvent de l’anodin que cela survient. Gaël Henry se plait a nous surprendre sans cesse dans la chute morbide de chacune de ses saynètes. Du petit animal écrasé par la gentille princesse, à la cruauté gratuite de la sorcière sur un personnage qui semblait s’installer en passant par la mort violente d’un prince inspiré dans l’ère metoo. C’est croustillant à chaque instant. On ne sait jamais trop ce que l’on va trouver en tournant la page. Et malgré tout ça, ca transpire de vie, de féminisme, de tolérance. De sorte à ce que soit presque adapté à tout âge. Les héros n’en sont pas vraiment, les soi-disant gentils se montrent finalement bien égoïste et sont punis comme tel, les inquiétants deviennent des appuis. Tout est un peu inversé ce qui rend cette lecture étonnante et rafraichissante. Et cela même, jusque dans le trait enfantin qui dénote avec la violence de certaines cases. Parce que les paradoxes sont nombreux. Entre les envies retenues pour « éviter le pire » et l’impression de vivre accentuée lorsque l’on sort des clous. Ici justement tout sort des clous, et si ca nous donne le sourire souvent, c’est surtout un appel a ne pas trop se cloisonner dans nos choix. Peu importe les conséquence parfois, l’important est de se sentir libre de vivre.
VERDICT
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Un album jouissivement décalé. Une version revisitée, énervée et féministe du conte russe de Vassilissa-la-très-belle et de la Baba Yaga.