13 ans est l’âge de tous les questionnements, l’âge ingrat des changements du corps : les remiers poils, les premières règles douloureuses, et cette chose dont on ne doit pas prononcer le nom.. Avec son éducation religieuse, cette sexualité naissante, faite de désirs refoulés et d’un feu hardent inassouvi, est synonyme de honte et d’angoisses : Florence vit en permanence dans le peur du jugement divin. « Je me voyais monstrueuse, en prise à ces émois enfiévrés et furieux. » Comment vivre avec toutes ces pulsions défendues dans cette famille catholique traditionnelle ? La puberté pour Florence rime aussi avec maladresses et malaises, elle remarque le regard des hommes sur son corps de femme, ce regard de prédateur sur de la chair fraîche. « La littérature m’offrait des modèles de chevaliers rêvés; la ville m’offrît, elle, des hommes concrets à chacune de mes sorties : ils me mettaient mal à l’aise parce qu’ils ne me regardaient jamais dans les yeux. »

Florence Dupré La Tour livre des pages fortes sur l'hypocrisie de l'éducation catholique, sur la propagande anti-avortement, sur les agressions sexuelles et les harcèlements quotidiens subis par les femmes dès leur adolescence, ces pages sur le viol, sur la dépression, sur les règles douloureuses admises comme "normales" et qu'il faut évacuer comme problème. Elle propose ce récit comme un uppercut, sans détour et avec autant de sincérité. "Si j'avais été une bête, quelqu'un dans l'assistance aurait eu le cœur de m'achever. Mais je n'étais pas une bête. Je n'étais qu'une femme." Les textes de l'auteure sont aussi percutants que ses images. Ce volume 2 Confirmée, est encore meilleur que le premier. Plus puissant, plus vindicatif aussi. La jeune Florence est en feu, celui du désir d'adolescence, qui s'accompagne de peur et de curiosité. Mais le feu est aussi celui de la femme et l'autrice qu'elle est devenue et le regard qu'elle pose sur le traitement reçu alors. Comment ne pas vouloir tout cramer ?!