Giuseppe Tornatore consacre un documentaire monumental à son ami et compagnon de route Ennio Morricone. "Ennio Morricone - Le Maestro" permet au compositeur légendaire, décédé peu après l'avoir terminé, de revenir sur l'œuvre incomparable de sa vie, qui comprend plus de 500 compositions pour le cinéma, dans des interviews émouvantes. Mais des grands noms d'Hollywood comme Clint Eastwood, Quentin Tarantino et Hans Zimmer, ainsi que des musiciens comme Bruce Springsteen, Zucchero et Joan Baez font revivre le maestro dans leurs souvenirs personnels. Tous racontent la chronique d'une longue carrière d'une ampleur créative unique, qui place Morricone, pour beaucoup, au même niveau que les très grands compositeurs de musique classique.

Lorsque le documentaire sur la vie d'Ennio Morricone est signé par Giuseppe Tornatore, l'occasion de réaliser une œuvre majestueuse se présente. La somme de la dévotion et du respect du réalisateur, et de tous ceux qui ont eu le privilège de s'enrichir des trajectoires du Maestro, est contenue dans l'affiche promotionnelle du film : Quentin Tarantino le libère du réductionnisme en le définissant comme son compositeur préféré de tous les temps, les fentes bleues de Clint Eastwood pensent qu'il est unique, tandis que pour Wong Kar Wai, Ennio arrive là où d'autres n'ont pas réussi, ne réussissent pas et ne réussiront jamais. Après vingt-cinq ans de compagnonnage, à la fois artistique et fraternel, Tornatore ouvre au public les pages les plus intimes et délicates de la vie du compositeur, à travers des interviews d'archives et des images habilement cadrées pour restituer à l'œil du spectateur un négatif contenant toutes les grandes œuvres du Maestro. Des œuvres que, le plus souvent, Morricone dissimulait, minimisait derrière une mesure et une timidité qui n'étaient jamais fictives, mais fonctionnelles à son génie. Ce documentaire, en plus d'être un hommage, est un manuel d'instruction pour la postérité, un vocabulaire de langage et d'intentions, de persévérance et d'amour pour son métier. Giuseppe Tornatore construit un éloge au Maestro, décédé le 6 juillet 2020, à travers la confession du compositeur lui-même et l'hommage des artistes, réalisateurs, scénaristes, musiciens, acteurs qui ont été témoins de son "effort" créatif : Bertolucci, Verdone, Argento, Zimmer, Tarantino, Stone, Piovani. Les plus grands noms de la scène cinématographique et musicale se souviennent de lui comme de la grande exception aux règles, le seul capable de changer le destin de la musique. La personnalité silencieuse mais rigoureuse et ponctuelle du maestro lui a permis de traduire son génie visionnaire en notes. C'est ainsi que Tornatore dessine Ennio, en partant de la tête : son enfance, son père trompettiste, le conservatoire, ses premiers engagements, les sacrifices, les emplois de nuit, les rencontres providentielles et sa façon particulière d'écrire des partitions pour tous les instruments en même temps. Un orchestre mental, un personnage avec lequel travailler signifiait mettre une médaille autour du cou, dit Argento. Pour Morricone, plus ému que jamais par le portrait du réalisateur, composer de la musique signifiait se défendre de la solitude, fuir l'unisson, avec la dignité de celui qui arrange le sublime en silence, réservant les excès aux instruments et jamais à la personne. Les mains du maestro bougent, réalisant une alternative à la culpabilité, une partie de l'ensemble de cet homme dont on ne voit que l'arrière de la tête, toujours penché pour écrire sa musique.