Madrid, de nos jours. Niceto vit avec son petit-fils Alvaro dont la femme est enceinte et le père médecin légiste. Le retraité passe ses journées entouré de ses vieux copains, Longinos, Urbano et Godofredo. L'Espagne se remet très doucement de la crise économique de 2008-2009, et il est difficile de joindre les deux bouts. Même les octogénaires vivent à présent de petits trafics. Faut-il y voir un lien avec la disparition des membres du groupe ? En effet, les amis de Niceto commencent à mourir les uns après les autres, et cela n'a clairement rien de naturel. C'est d'abord Longinos qui est assassiné, et son enterrement avec déboucher sur un scandale. Urbano s'en prend verbalement au prêtre, mais l'homme est tué à son tour. Quand Niceto disparaît à son tour, c'est une véritable course contre la montre qui démarre. Alvaro et son père Roman sont prêts à tout pour retrouver le patriarche.

Reprendre un personnage culte de la bande dessinée n'est pas un exercice facile, surtout que l'univers de Prat demeure très particulier. Et pourtant Juan Diaz Canales s'en était habilement sorti l'an dernier. Mais l'auteur est également dessinateur, et Au Fil de l'Eau est un album entièrement conçu par ses soins, et traduit par Sophie Hofnung. Ce drame métaphysique et philosophique tient en haleine pendant une centaine de pages. Le récit nous plonge dans l'Espagne contemporaine où nous suivons une bande de retraités qui s'est connue dans les années 1930, peu avant l'arrivée du régime franquiste. Mélange de polar et de chronique sociale, l'ouvrage cultive les "non dits". On ne s'attend pas un instant au motif des crimes. Le dessin est quant à lui très souple et entièrement en noir et blanc.