Gilles Collot-Sopiédard est un célèbre humoriste français. Il a sa rubrique quotidienne dans un grand journal, est invité dans toutes les émissions de radio, où l’on aime son coté provoc’, impertinent et caustique, ses vannes que l’on redoute mais que l’on adore, qui font mouche et qui dérangent…  Il est entouré de sa femme, totalement son opposé, scientifique très premier degré et qu’il aime justement pour cela, et son fils de 18 ans qui lui, n’adhère pas spécialement à son humour mais de qui il est très proche.  Parallèlement à sa vie à priori équilibrée et sans encombre, il va régulièrement chez sa psy, qui souvent le pousse dans ses retranchements, et qui va, sur un détail, l’amener à retourner sur les traces de son enfance qu’il a enfouie, sa famille qu’il a délaissée… Un jour, en direct à la télé, le vide, le blanc. Plus rien ne vient. L’humour est parti. C’est le déclencheur pour se replonger plus profondément sur ce passé refoulé, et plus particulièrement sur cette année 1986 qui a été étrangement effacée de sa vie, l’«année fantôme » que lui cache sa mère…

On ne saurait vraiment dire pourquoi nous avons apprécié cet album et pourquoi nous nous nous sommes totalement laissés embarquer par l’histoire. Pour l’histoire de cet homme, à la fois antipathique et terriblement attachant, oscillant entre humour et profondeur. Sûrement parce que dernière sa façade pince-sans-rire se cache une énorme sensibilité. Aussi parce que ce récit, largement autobiographique, touche des sujets universels qui aimantent les lecteurs: les racines, la famille, la remise en question, l’incidence du passé sur notre vie actuelle, les valeurs … Le trait très expressif si particulier de Tronchet, qui peut paraitre un peu rude et déroutant de prime abord apporte une dimension encore plus forte, du caractère et de l’émotion à l’histoire. Et cette fin… Ûn album passionnant, intense, dense, touchant, tendre.