"Et vous ? Que feriez-vous si vous saviez tout ce qu'il y a à savoir ? Un jour à New York, cinq adolescents se réveillent avec une connaissance absolue. La nouvelle se répand rapidement et les jeunes prodiges sont immédiatement placés sous la garde du FBI. Que faire quand on a 15 ans et qu'on n'a plus besoin d'apprendre une seule chose ?Nos héros n'auront pas longtemps à y penser. Une organisation gouvernementale secrète a décidé de les capturer. Et ils ont un mystère à résoudre : d'où viennent leurs capacités ? Qui sont ces créatures au pouvoir divin qui ont décidé de changer leur destin ? Et pourquoi l'un d'entre eux a-t-il secrètement rejoint leurs rangs ?

A l’heure où le savoir de l’humanité est littéralement disponible en trois clics, Vincent Dugommier confirme que sans un minimum d’intelligence, de raisonnement, le savoir pur n’a aucun sens. Dans cette BD destiné à un jeune public, la naïveté des dialogues des adultes contraste avec la maturité assurée de ceux des enfants. Comme si les adultes n’avaient pas vraiment grandi ou étaient restés dans un cocon enfantin". L’effet accentue le pouvoir des enfants, capables d’accéder à une dimension invisible qui leur permet d’appréhender le monde d’une manière différente. Autrefois dénommé culture générale, le savoir est une construction qui combine de multiples facteurs. Au XVIIIème siècle, "l’honnête homme" était simplement un individu érudit ayant fait ses "humanités", i.e parlant plusieurs langues, ayant voyagé en s’intéressant au monde tel qu’il est pour le décrire, le comprendre voire le perfectionner. Une forme de voyage initiatique quasi utopique. Pourtant le savoir n’est qu’un outil sans lequel il est très facile de vivre une vie entière. Il n’a d’intérêt que s’il est compris, analysé, mis en perspective avec l’algorithme idoine d’interprétation des données brutes : l’intelligence. Sinon son détenteur se voit renvoyé au statut de bête de foire, d’encyclopédie sur pattes, voire de cuistre. C’est l’intelligence qui permet de mettre en lumière les connexions entre événements passés et présents, d’établir des relations entre les livres, les tableaux, les films ou même les BD, puisque toutes ces œuvres s’interpellent pour se répondre dans un dialogue incessant qui ouvre le champ des possibles à la créativité ou à des conclusions exploitables par et pour tous. Un débat d’idées constructif en somme. Le trait plus que prometteur de Renata Castellani, sorte de synthèse en devenir de la BD actuelle, donne envie de suivre les futures aventures de ce Club des Cinq wikipédesque. Son sérieux potentiel graphique ne devrait que s’épanouir à mesure que les albums paraîtront.