Scénario et dessin : Cati Baur
d'après le roman de Martin Page
Martin et ses amis se doutaient bien que cela arriverait un jour, que l'un d'entre eux finirait pas se faire tabasser, simplement à cause de sa façon de s'habiller ou de ses bizarreries. Cela aurait pu tomber sur Bakary, tellement bon en maths qu'il énerve tout le monde ; sur Fred, le musicien, qui se teint les cheveux en vert ; ou même sur Martin, particulièrement doué pour l'ironie. Finalement, c'est arrivé au plus gentil d'entre eux, à Erwan, le bricoleur de la bande., dont le seul tort est de porter un costume et une cravate. Et c'est comme si cette agression avait blessé les trois autres. Au collège, ils deviennent encore plus distants. La moindre injustice met leurs nerfs à vif. la colère circule en eux, leur donnant une énergie folle ! ils veulent agir, mais à leur manière, forcément particulière.
Voilà un étrange roman adapté en bande dessinée par Cati Baur. En dépit de sa brièveté, il était parfois difficile de sentir à l'aise avec ses personnages, sans doute à cause de leur fameuse "inadaptation". En quoi consiste-t-elle ? Difficile à dire - le fait qu'ils s'habillent avec soin et que, du coup, ils sont persécutés par les autres élèves ? Nous n'en avons pas tellement vu les preuves, si ce n'est qu'Erwan a été agressé à son retour du collège, sans que l'on sache très bien par qui ni pourquoi. Martin, le narrateur, se définit comme ironique - rarement personnage se sera jugé avec autant d'acuité. Cependant, tant d'ironie chez un personnage aussi jeune, tant de pessimisme aussi ne me paraît pas normal. Il serait question d'aborder l'avenir avec optimisme grâce à cet ouvrage. Où est la confiance en l'avenir, quand le narrateur dit : "j'avais l'impression que depuis l'enfance on nous mithridatisait contre la tristesse et le renoncement. Notre corps et notre esprit allaient s'habituer à ces poisons, à tel point qu'un jour nous ne réagirions plus quand les choses terribles arriveraient. Nous ne réagirions plus à nos vies. la tristesse et l'ennui ne seraient plus ni tristes ni ennuyeux, ils seraient notre normalité, notre quotidien." Bien entendu, le point de vue donné sur les professeurs - alcooliques et passionnants ou sobres et ennuyeux, il faut choisir - peut surprendre car rien n'est aussi simple dans l'éducation nationale. Le père est bien sûr absent. Pardon ! Ce grand médecin, qui consulte en pyjama, chatte tous les soirs sur internet avec son amie virtuelle, et est soucieux de donner une bonne éducation à son fils. Rendons-lui justice : en cas de soucis, il est efficace.
VERDICT
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Leçon de vie, oui, le temps fait évoluer les choses, mais lentement, les adolescents les plus malheureux seront sans doute des adultes heureux et vice-versa, le tout est de trouver des moyens de surmonter les injustices, même de manière virtuelle.