Thomas Sankara, rebelle visionnaire
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 27 Septembre 2023
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Genre :
Bande dessinée
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Non
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Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario : Françoise-Marie Santucci et Pierre Lepidi
Dessin : Pat Masioni

Ernesto « Che » Guevara est connu dans le monde entier. Le combattant de la liberté sud-américain est considéré comme une icône de la révolution communiste et un symbole du combattant contre l’injustice, ses actions en tant que soldat et bourreau étant considérées par beaucoup comme un mal nécessaire. Les communistes et les pauvres d’Amérique latine le considéraient comme une sorte de Messie. Un jeune soldat a également été inspiré par Guevara dans le pays africain pauvre du Burkina Faso, au bord du désert du Sahara. Le charismatique Thomas Sankara (1949 – 1987), comme son idole, deviendra plus tard un héros populaire aux proportions mythiques. L'ouvrage 'Thomas Sankara, rebelle visionnaire' met en lumière l'ascension de ce capitaine d'armée marxiste et montre comment il a réussi à entraîner son pays et son peuple à sa suite. Il devient également clair que Sankara voulait pousser sa révolution beaucoup trop loin et que cela a finalement conduit à sa fin. Sans oublier que son ancien compagnon d’armes s’est laissé entraîner dans un acte lâche par des étrangers. Une chose pour laquelle beaucoup de ses compatriotes lui en veulent encore. Le jeune soldat Thomas Sankara a joué un rôle de premier plan dans plusieurs coups d’État au début des années 1980. Il s'est opposé en paroles et en actes au régime autocratique et impopulaire du pays alors appelé Haute-Volta. Ce n’est qu’avec le troisième coup d’État, le 4 août 1983, qu’il réussit sa mission ; la révolution est un fait et Sankara se désigne comme nouveau président du pays. Avec son Conseil National de la Révolution, il veut changer radicalement la société. Désormais, la population rurale pauvre occupe le devant de la scène, tandis que la révolution ne fait qu’une bouchée de l’élite corrompue qui s’enrichit sur le dos du peuple. Sankara met ses paroles en action ; les nouveaux dirigeants se déplacent dans de simples Renault et voyagent en « classe économique ». Le président reçoit le modeste salaire annuel de 3 300 francs. Exactement un an après la révolution, Sankara a rebaptisé son pays Burkina Faso, ce qui signifie « pays des honnêtes gens ». Des campagnes de sensibilisation mobilisent la population pour aider à reconstruire le pays. En peu de temps, des routes et des voies ferrées ont été construites, des écoles et des hôpitaux ont été construits et des centaines de milliers de personnes ont été vaccinées contre la polio. Sankara défend également les droits des femmes : il abolit la polygamie et nomme des femmes à des postes importants.

À l’étranger, la révolution au Burkina Faso est perçue avec consternation. Sankara décide que son pays suivra une voie totalement indépendante, sans aucune ingérence d’aucun pays ou organisation internationale. Selon lui, tout le monde est égal et la révolution est avant tout : il ne faut pas la remettre en question. Les pouvoirs traditionnels tels que les chefs de villages féodaux et les autorités religieuses doivent reculer, le mouvement syndical est réduit au silence et la presse est restreinte. Car Sankara et son parti sont méfiants. Quiconque, même soupçonné d'avoir une position anti-révolutionnaire, était appelé à rendre des comptes. Sankara contrarie de plus en plus de Burkinabés à travers un flot de mesures coercitives et d'arrestations. Le conseil révolutionnaire gouverne au nom du peuple, mais ne tolère aucune contradiction ni critique. Les choses commencent à s'ébranler au sein de son propre parti et, en mai 1987, une dispute éclate entre le président Sankara et Blaise Compaoré, son bras droit depuis le début de la révolution. Sankara veut poursuivre les réformes révolutionnaires, tandis que Compaoré souhaite adopter une voie plus modérée. Sous l'influence de la France et des pays voisins à orientation française comme la Côte d'Ivoire, il fit assassiner Sankara le 15 octobre 1987. Compaoré s'est nommé chef de l'Etat un jour après la mort de Sankara et a occupé ce poste jusqu'en 2014. Le peuple burkinabé n'a pas encore oublié son héros, son « Messie » Thomas Sankara, comme le montre cette bande dessinée. Quiconque a étudié l’histoire de l’Afrique sait qu’en plus de nombreux développements positifs, le régime de Sankara avait aussi un côté sombre. Le fait que le peuple burkinabé continue à tant vanter son ancien président est dû au fait que Sankara a été l'un des rares dirigeants africains à remettre résolument en question la forte dépendance du continent et à montrer en même temps que les choses peuvent certainement être faites différemment. Par ailleurs, la situation du pays ne s'est pas beaucoup améliorée depuis le règne de Sankara et la population a le sentiment de ne pas être prise au sérieux par le président Compaoré. Ils ne savent toujours pas ce qui s’est exactement passé et demandent des éclaircissements.

VERDICT

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"Thomas Sankara, rebelle visionnaire" propose un regard instructif sur l'histoire mouvementée du Burkina Faso et de l'un des dirigeants les plus charismatiques d'Afrique.

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