Octobre 1961. Une petite fille surnommée Bleu est née. Ce surnom, elle le doit peut être à la couleur de ses yeux, à moins que ce ne soit du au premier mot que son frère ait prononcé en la voyant, ou alors à une chanson populaire de l'époque. En 1962, Léon, son père agriculteur, décide de monter une chorale afin de tisser du lien entre le monde rural et la ville. Fort de ce succès, on lui propose de devenir conseiller municipal avant qu'il finisse par être nommé maire, une première pour un paysan depuis 1800. Deux ans plus tard, la famille accueille un nouvel enfant, Paulo, qui n'est malheureusement pas comme les autres. Bleu fera tout pour le protéger. 1978, une nuit pluvieuse, Bleu est réveillée par une odeur atroce. Le pétrolier libérien Amoco Cadiz vient de s'échouer sur les rochers de Portsall, dans le Finistère, souillant les côtes bretonnes de quelques 220.000 tonnes de pétrole brut. Léon est le premier officiel sur les lieux et il ne peut qu'assister impuissant à ce triste spectacle. La marée noire s'étend sur 400 kilomètres et à Ploudalmézeau, Bleu assiste au combat de son père afin de nettoyer les plages et faire payer le pollueur.

L'Amoco Cadiz est un nom qui réveillera des mauvais souvenirs chez les bretons. La scénariste Gwénola Morizur n'était pas née au moment des faits, mais son grand-père, Alphonse Arzel, était maire de Ploudalmézeau à l'époque. C'est lui qui a porté l'affaire devant les tribunaux et qui a fait payer Standard oil Company, le géant pétrolier propriétaire du chargement de l'Amoco Cadiz. Il ne s'agit donc pas d'un récit purement historique, mais d'un mélange des genre, entre réalité et passages beaucoup plus romancés. Nous y suivons le combat d'une famille pour nettoyer leurs terres et l'élan de solidarité qui s'est rapidement mis en place pour tenter de sauver la faune et la flore. Le dessin de Fanny Montgermont présente quant à lui un trait particulièrement réaliste, soutenu par une mise en couleur à l'aquarelle qui donne un aspect presque onirique à certaines pages.