Lyon, automne 2003. Paul Grieux est dans le coma à l’hôpital suite à un banal accident de moto à la Croix-Rousse. Marc Launay et Priscille Merse, deux flics ordinaires, se retrouvent liés à l'affaire. On les suit au jour le jour, dans leur travail, chez eux, dans leurs réflexions, leur passé, leur existence. C’est comme si une caméra les suivait en temps réel. Ils prennent des initiatives, visitent un appartement vide et se demandent où est passée la jeune femme qui l’habitait, ex-compagne du motard alité. Ils font des heures de route pour voir la mère du comateux Paul Grieux dans un village avec un bar où on les regarde comme des étrangers, avec la vieille bicoque à l’écart du village. Il retrouvent laborieusement l’adresse du comateux, et visitent ses appartements. DOA excelle dans les descriptions très précises des lieux, il adore les escaliers, les couloirs, les corridors et sait installer un fantastique léger, une menace planante et tournoyante comme un oiseau de proie sur l’ordinaire de chacun. Et cette bande dessinée reprend bien le cahier des charges du roman.

Ce qui étonne dans cet ouvrage, c'est la façon dont la magie noire est suggérée, le lecteur ressent l'inquiétante impression de bifurquer et de changer de genre, du policier au fantastique. Les mystères, à la fois dans l’histoire et dans la facture du roman, nous font continuer, on veut savoir la suite et on se demande perfidement si l’auteur va retomber sur ses pattes. Mais en allant très loin dans la surenchère, dans l’horreur insoutenable, toujours décrite comme si c’était un procès verbal. La fin est abrupte comme pour nous dire après tout ce n’est qu’une fiction à laquelle vous vous êtes laissés prendre. Les dessins de Drouay sont très nerveux, bien loin de ce qu'il réalise dans la série " Les années rouge et noir".