Scénario : Fabrice Colin
Dessin : Carole Maurel
Les tensions entre le peuple et le pouvoir ont atteint un point de non-retour. La ville se consume, ravagée par les flammes des combats qui s'étendent jusqu'à l'Apex. Au milieu de cette révolte, les masques tombent et les vérités éclatent. Helix, Jonas et Circeon devront faire face à de douloureuses révélations les unissant bien malgré eux au destin de la cité.
Quand le contrôle de la connaissance cherche non pas à éviter aux masses laborieuses de s’élever (même si en définitive le résultat revient à cela), mais bien de ne pas sombrer dans une fatale destruction. Un beau thème de science politique remis au goût du jour par Fabrice Colin. En somme, faut-il se replier sur des règles / traditions / lois fussent-elles rigides, inégalitaires ou amorales, afin de préserver un statu quo sociétal inconfortable mais pérenne, au détriment d’une situation potentiellement dangereuse qui pourrait précipiter la société vers sa propre perte. En termes d’énoncé du baccalauréat, cela revient à se demander si la fin – même incertaine car l'Histoire ne se répète pas, elle bégaie – justifie les moyens ? Les singes de la planète éponyme (Pierre Boulle), la police de Minority Report (version Steven Spielberg) ou bien l’illuminé Jorge de Burgos (Le Nom de la Rose) avaient su imposer un tel choix à leur société respective sous ce prétexte. Pour le bien de tous, évidemment… Le lecteur, en bon déficient (mono)neuronal à la lâcheté proverbiale, ne possède pas de réponse évidente. S'il devait en avoir une il postulerait immédiatement comme maître du monde adjoint. Ce jour-là sa reprise en main ferait passer le 8 Thermidor An II pour une journée de papouilles dans un SPA. Confronté à une situation aussi violente que forte, le dessin toujours aussi arrondi de Carole Maurel apaise. Il aide à progresser dans ce récit de façon très calme, presque pacifiée. Elle parvient, sans effet pyrotechnique superflu, à atténuer l'intensité des situations et des propos pour inviter le lecteur à se concentrer sur le déroulé et l'enjeu de l’histoire. Les couleurs douces contribuent également à adoucir agréablement l’ensemble.
VERDICT
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Un diptyque aussi distrayant qu’intelligemment développé à mettre dans toutes les mains.