Résumé : 2007. Devenue la ministre des Affaires Sociales du gouvernement démocrate, Jessica Ruppert s’apprêtait à annoncer devant le Congrès 200 mesures qui devaient faire des États-Unis un pays à la pointe du social et de l’écologie, lorsque, avant même son discours, elle est interpellée par les membres de son propre parti qui lancent contre elle une procédure d’impeachment. Lâchée par le président Mac Arthur, elle doit passer devant la commission du sénat. La sœur de Jawad, l’une des victimes de l’attaque des Logan’s, lance l’idée d’une grande marche collective, de New York à Washington, pour défendre Jessica et ses mesures. Très vite, ils sont plusieurs milliers de personnes à se rassembler pour partir vers le sénat…

Dans ce nouvel épisode des Enfants de Jessica, tout se passe comme si le résultat de la dernière élection présidentielle américaine (en vrai, dans la vraie vie) avait amoindri l’élan créatif de Luc Brunschwig. Subitement la réalité a rattrapé voire dépassé la fiction sur certains points dans ce pays. Les États-Unis sont en effet constamment ballotés entre d'une part un régime politique tellement rigide et conservateur qu’il est à deux doigts de basculer dans l'autoritarisme ou l'extrémisme le plus crasse, comme cela a failli être le cas entre les deux guerres avec les agissements diplomatiques plus que discutables de Kennedy père, et d'autre part une volonté sincère d’ouverture bardée de certitudes béates, qui confine souvent à la naïveté évangélique quand ce n'est pas au laxisme pur et simple. Rien n’est tiède dans ce pays, tout y excessif. Ce qui fait que cet album reste en deçà de la réalité actuelle, mais la révélation finale relance l'intérêt de l’histoire. Luc Brunschwig donne l’impression qu’il reprend son souffle avec cet album, bien qu’il sache manifestement dans quelle direction il se dirige. Le lecteur amateur sincère de la série ne peut espérer qu’il ne recule ainsi que pour mieux sauter. En revanche, comme dans tous ses scénarios Luc Brunschwig offre encore une fois à ses personnages de papier une épaisseur humaine impressionnante qui les rend à la fois attachants et crédibles. Comme le scénario avance finalement assez lentement, Laurent Hirn n’a pas vraiment l’occasion de déployer l’étendue de son (réel) talent graphique. Même si les scènes météorologiques (pluie, soleil) méritent le détour en pimentant l’atmosphère de l’album, elles n’ont pas suffisamment d’intensité dramatique du fait de leur brièveté pour qu’il puisse les exploiter pleinement.