Cette nouvelle série Dylan Dog fait partie du cycle "Dylan Dog 666". L'histoire de L'aube rouge (L'alba nera) reprend de manière tout à fait littérale les trente-huit premières pages des événements qui se sont déroulés dans le premier album de Dylan Dog 1986, "L'aube des morts vivants" de Sclavi et Stano (parue d'abord chez Glénat puis chez Panini Comics), mais elle ne nous ennuie jamais, au contraire, le plaisir de la lecture réside dans la comparaison et la saisie des petites différences avec ce qui était raconté dans l'original. Nous retrouvons Hamlin, un personnage à travers lequel nous parvenons à donner une cohérence logico-narrative au deus ex machina de "l'affaire" de la clarinette. L'inspecteur Carpenter et le sergent Rania sont déjà présents et vivent leur relation de manière plus ou moins ouverte. Nous découvrons avec stupeur que cette femme était l'ex-épouse de Dylan avant qu'il ne la trompe avec une terroriste de l'IRA, probablement Lillie Connelly. Tous deux répondent aux directives du redoutable commissaire de Scotland Yard qui, dans cette réalité, est Bloch lui-même, flanqué du déséquilibré Jenkins. Xabaras joue un rôle presque marginal, on ne le voit jamais dans son intégralité. L'intrigue est cependant fluide et la lecture est agréable, bien qu'éphémère. L'album se termine par une révélation importante, qui nous fait deviner que Dylan est le fils de Bloch.

L'auteur Roberto Recchioni a enfin carte blanche pour esquisser sa propre vision du personnage de Dylan Dog et forger à partir de ce qu'avait conçu Sclavi un nouvel univers situé en 2020. C'est un Dylan débraillé, à la barbe mal taillée et au long manteau qui le protège bien du froid. Il ne dédaigne pas de boire un verre, malgré un mystérieux passé d'alcoolique. Nous le retrouvons plus sombre, plus triste et plus dédaigneux, ainsi que voué à un citationnisme extrême. Il s'est récemment engagé comme enquêteur du paranormal, après avoir d'abord tenté une carrière de policier, puis de gardien de cimetière. C'est à cette dernière occasion qu'il a rencontré Gnap-Gnap, son nouvel assistant rubicond au QI d'enfant et aux paroles peu nombreuses. Nous ne savons rien de plus au sujet de Groucho. Le choix de Roi pour le dessin s'avère être le bon pour commencer en fanfare l'album. Les noirs pleins et ses nuances dépeignent parfaitement les ombres des âmes des personnages, tandis qu'une atmosphère rêveuse et onirique imprègne l'ensemble. Au final un avis plus que positif, la curiosité de lire les prochains numéros est grande et l'intention de jouer avec les anciens lecteurs en captant les citations au mythique numéro un est très bien trouvée.